« Des outils innovants pour faire ensemble » Pour une économie du bien vivre : Episode 2 par Agathe Brenguier
Pour bien commencer la rentrée 2019, nous avons demandé à l’équipe Crois/Sens de dire ce qui les motive à créer une économie du bien vivre pour, par et avec les citoyen.ne.s.
Agathe Brenguier est cheffe de projet bien-vivre, en coordination sur plusieurs territoires (Lorraine-Lille-Marseille) grâce à ses compétences clés en gestion de projet, sa connaissance des boucles de services en faveur du bien-vivre.
Son témoignage :
De nombreux enjeux se posent sur les territoires urbains comme ruraux pour répondre aux besoins des habitants, sur des thématiques très diverses, comme l’alimentation, l’énergie ou encore la mobilité. De nouvelles manières de « faire ensemble » sont nécessaires pour que les acteurs, publics et privés, y répondent. L’équipe de Crois/Sens développe et fournit des outils innovants et nécessaires de gouvernance, de mobilisation et de financement.
Présentation d’Agathe :
Agathe Brenguier est consultante chez Crois/Sens depuis février 2018. Diplômée de Sciences Po Toulouse et spécialisée dans les thématiques du développement durable, elle a collaboré avec plusieurs acteurs publics et privés…
Crois/Sens a participé au Forum organisé par Force Femmes, association reconnue d’intérêt général qui accompagne gratuitement les femmes de plus de 45 ans sans emploi dans leurs démarches de retour à l’emploi ou de création d’entreprises.
Anne Méauxà gauche à la tribune
Vendredi
13 septembre 2019, l’association Force Femmes, implantée dans 14 villes,
organisait son premier forum à Marseille. Christine Bugliani, Directrice
Territoriale Déléguée de Pôle Emploi Marseille – Bouches-du-Rhône, rappelle les
enjeux de cette journée ; le taux de chômage
chez les seniors approche les 6%, soit trois fois moins que celui des jeunes.
Ce taux diffère assez peu entre les hommes et les femmes, notamment dans les
CSP+. Dans les secteurs moins qualifiés, avec des contrats en CDD et en temps
partiels, le chômage des femmes demeure moins visible et moins indemnisé. Par
ailleurs, quand l’ensemble des actifs de plus de 45 ans, une fois au chômage,
voient leur accès au marché du travail se dégrader, ce phénomène s’accentue pour
les femmes, qui cumulent parfois une situation d’enfants à charge ou
d’aidantes.
Le projet de Force
Femmes : sortir de l’isolement, recréer un réseau professionnel
Force Femmes souhaite
accompagner des femmes qui se retrouvent éloignées de l’emploi à cause
d’accidents de vie ou tout simplement de choix.
Elles peuvent vivre une rupture de travail, couplée ou non avec une
rupture de vie (séparation), ce qui peut mener à un sentiment de honte et un
isolement. Il est dès lors important de pouvoir partager leurs difficultés, et de
reprendre confiance grâce au regard des autres.
Le projet se base tout
d’abord sur des notions d’empathie, de solidarité et de sororité, puisque
l’association a été créée par des femmes voulant venir en aide à d’autres
femmes. Cet accompagnement prend la forme d’entretiens individuels et de
groupes de travail, permettant de travailler son réseau professionnel. Le
projet se base également sur la mise en avant de l’intergénérationnel, qui est
de plus en plus reconnu comme une force au sein de l’entreprise, comme le
soulignait Malika Idri, d’AG2R La Mondiale, notamment à travers le mentorat.
L’autre sujet majeur soulevé
lors de ce forum est les particularités des secteurs qui recrutent en
France ; informatique, sécurité, BTP, transport, des métiers
« traditionnellement masculins », bien qu’ouverts à toutes et tous.
Beaucoup de femmes n’envisagent pas une carrière dans ces secteurs à cause des
stéréotypes qui les entourent, notamment en matière de pénibilité physique. Or,
ces métiers « traditionnellement masculins » sont mieux payés que ceux
« traditionnellement féminins », comme les services à la personne.
Plusieurs pistes ont été évoquées pour encourager les femmes à s’orienter vers
ces secteurs : plus de pédagogie dès le plus jeune âge pour faire tomber
les stéréotypes de genre liés aux métiers, ou, initiative lancée par Pôle
Emploi, un accompagnement spécifique pour les reconversions des femmes vers les
métiers « traditionnellement masculins ».
Le mot de la Vice-Présidente
Anne Méaux
La journée s’est déroulée
sous le patronage d’Anne Méaux, femme d’affaire et vice-présidente et
fondatrice de Force Femmes, qui y a présenté son engagement : « La question du retour à l’emploi est un
véritable fait de société. C’est-à-dire 1/qu’il est massif 2/qu’il prend des
formes et a des causes diverses et complexes et 3/que ce qui se joue dans le
fait d’avoir un emploi est bien plus que d’avoir de quoi vivre. Il s’agit aussi
d’exister dans la société, d’y avoir une place, d’être regardée, reconnue,
considérée…
Force Femmes s’est construite
sur ce triple prisme -âge, genre et statut professionnel- pour lutter contre un
phénomène complexe, une forme insidieuse de violence et d’exclusion qui frappe
les femmes de manière pas exclusive mais particulière, spécifique : le pire
ennemi dans ces moments de la vie c’est l’isolement. »
Quels modèles pour les investissements et le financement des innovations citoyennes au service du bien-vivre dans les territoires ? C’est la question que nous avons posé lors du séminaire du 13 décembre 2017 du Collectif SmartCitizens sur lequel nous voulons revenir aujourd’hui, au regard du déploiement des projets de Crois/Sens.
En effet, Crois/Sens poursuit le déploiement
territorial des sociétés de co-développement, qui visent à favoriser
l’essor du bien-vivre dans les territoires par l’amorçage de projets
économiques viables qui recouvrent des domaines très variés (santé, nutrition,
mobilité, énergie…).
C’est
dans cet objectif que Crois/Sens, dans le cadre d’une mission de conseil, a accompagné
depuis 2018 au sein d’un groupement la Métropole Européenne de Lille (MEL) dans
la structuration d’un projet de territoire autour de la notion de bien-vivre et
de la place centrale des usagers-citoyens. Une concertation citoyenne
ambitieuse a été lancée (dix réunions publiques d’une centaine de personnes,
100 rencontres et entretiens individuels) qui ont permis d’identifier les
besoins à couvrir. En parallèle de la concertation citoyenne, Crois/Sens a mené
un travail d’identification et de rencontre de plus de 35 porteurs de projets
afin de poser les bases d’alliances inédites pour le territoire. Ces actions
préfigurent un modèle innovant de financement.
Agathe
Brenguier
Cheffe
de projet Bien-Vivre
Et voici le compte-rendu du séminaire :
Voici, tout d’abord, une présentation des intervenants invité.e.s :
Cécile Ezvan est philosophe et économiste. Elle enseigne à l’Essec et à l’Icp. Chercheure associée à l’Essec, elle travaille sur la transformation des modèles économiques, l’innovation sociale et écologique et le bien-vivre au travail.
Gilles Caretti est infirmier et directeur de l’Institut Médico-Educatif du Beau Joly de Mirecourt.
Vincent Aurezest chercheur à l’Institut de l’Economie Circulaire.
Thierry Philipponnat est directeur de l’Institut Friedland et ancien président du Forum d’Investissement Responsable (FIR).
Les interventions sur les nouvelles forme de financement :
Cécile
Ezvan pose l’intérêt des acteurs politiques et économiques pour les nouvelles
formes de solidarités, les questions d’éthique, leur implication dans le
développement de « capacités » et l’objectif de vie bonne,
« digne » (Martha Nussbaum), « choisie » (Amartya Sen) dans
différents domaines : santé, lien social, logement, préservation de
l’environnement. Il s’agit de mettre chacun en capacité de développer des
projets associatifs et entrepreneuriaux sur les territoires en s’appuyant sur
un indicateur de capacités relationnelles-ICR (CR atelier du 19/09/2017).
Gilles
Caretti présente la méthode bien-vivre qu’il emploie à l’Institut
Médico-Educatif du Beau Joly de Mirecourt : bienveillance, approche
globale de la santé et de l’éducation, naturopathie (bromatologie, hydrologie
et la balnéation, kinésithologie, psychologie), collaboration multiacteurs
(personnel de l’établissement – familles – fournisseurs), mesure d’efficacité
(bilan IoMET)… Les résultats sont impressionnants et chiffrés en termes
d’insertion : augmentation de la durée de l’attention, diminution des
troubles du comportement, diminution de la durée de la présence dans l’institut
(3 ans au lieu de 4 ailleurs), diminution des coûts financiers pour la
collectivité. Gilles Caretti propose d’utiliser cette méthode dans d’autres
institutions, sur d’autres territoires, à d’autres échelles grâce à la création
d’une école de naturopathie. Crois/Sens s’appuie sur cette idée pour lancer une
école des entrepreneurs du bien-vivre où le capital santé permet le
développement socio-économique du territoire :
Vincent
Aurez intervient sur le financement de ce type de projet via la finance
solidaire et les fonds ESUS dans les territoires. Spécialiste de l’économie
sociale et solidaire, il observe que le fait de mettre en place une économie
circulaire territoriale (plutôt qu’a-territoriale) appuyée sur des partenariats
et de la mutualisation permet des économies d’échelle externes à l’entreprise.
Le simple recyclage ne permet pas à lui seul de combler l’augmentation de la
demande en ressources primaires. D’où la nécessité de faire de cette économie
circulaire un principe d’organisation. Notamment au niveau d’un bâtiment en ce
qui concerne l’énergie car il y a 5,1 millions de personnes en précarité
énergétique, 3,5 millions mal logées ou sans abris, 1,8 millions en attente de
logement social… Vincent Aurez s’appuie sur l’exemple d’un bâtiment de
1 700 m² construit récemment à Paris (Buzenval) par Novaxia qui dispose de
toutes les caractéristiques de l’économie circulaire, durable et
solidaire : éco-conception (matériaux recyclés, économie d’énergie
renouvelable), mixité sociale, socialisation dans des espaces partagés, investi
par des associations, salariat de 16 personnes à temps plein… Etant rentable
économiquement en plus d’être à l’avant-garde sociale et environnementale, il
attire le financement
participatif et les investissements de
type ESUS, tout en permettant le développement du projets susceptibles de se
rapprocher de la finance.
Ace
sujet du financement, Thierry Philipponnat pense que l’argent ne manque pas, y compris pour des
critères extrafinanciers ESSG (environnement, social, sociétal, gouvernance).
Par exemple, les montants en K-risque en France sont supérieurs à ceux en
Grande-Bretagne et Allemagne. Chaque projet peut trouver un type de financement
adapté. En effet, il y a « des » finances et non « une »
finance. Par exemple, le projet de Gilles Caretti peut être fiancé par des
titres participatifs et des SIB (Social Impact Bons) alors que ce sont des
fonds propres qui sont adaptés pour le projet Novaxia. Il s’agit donc de
s’adresser aux bonnes personnes avec le bon vocabulaire et savoir exactement
quels sont les objectifs (atteindre des pools de capitaux mainstream ou des poches identifiées ?).
Discussion :
Marc Desforges pense qu’il s’agit de parvenir à financer des projets dans la fourchette 500k€ / 1M€. Pour Jean-Michel Mépuis (Horizon conseil), cela doit passer par de la modélisation du surcroît de la dimension sociétale et de bien-vivre qui va apporter la valeur à la nourriture, à l’immobilier, à la gestion des déchets. Cela peut passer, selonDenis Hameau, par des fondations de territoire qui peuvent jouer le rôle de relais et intermédiaire. Françoise Dumaine (Cifasol) plaide pour faire évoluer le cadre réglementaire de la finance pour faire remonter des projets territoriaux et amener des financiers dans des projets à dimension solidaire qui doivent être systémiques : bio-psycho-sociaux. En effet, les entrepreneurs handicapés ont, par exemple, des difficultés d’accès au crédit et à l’emprunt selon Xavier Doublet (TIH Business).
Présent-e-s en plus de l’équipe Smartcitizen :
Lors de ce dernier séminaire sont présents : des chercheurs comme Pamela Moore du « Collectif doctoral pour la diversité de la recherche » ou Gerardo Gil (doctorant spécialiste des coopérations entre entreprises, associations et pouvoirs publics pour de l’innovation sociale), Zoé Bengherbi (responsable des partenariat à La Paillasse), des représentants de collectivités territoriales comme Denis Hameau (Conseiller Municipal, et Conseiller métropolitain, délégué à l’enseignement supérieur et à l’innovation), Pauline Desbuisson (métropole de Lille, en charge de la démarche TIGA), et des représentants des entreprises avec Jean-Yves Besombes (Pragma-tic), Renaud Desforges (Air Liquide), l’équipe CIFASOL (Conseil en Investissement Financier, Créateur de l’Empreinte Solidaire) comprenant Françoise Dumaine, Jean-Michel Mépuis et Xavier Doublet.
Pour en
savoir plus sur nos autres séminaires SmartCititzens, lire les références
ci-dessous.
CORDOBA
Vanessa, DESFORGES Marc et GILLI Fréderic, « Territoires et innovation », Travaux (Délégation interministérielle à l’aménagement et à la
compétitivité des territoires), volume 17, La Documentation française,
Collection Travaux / DATAR, Paris, 2013, 107 pages, https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb436436720.public
DESFORGES
Marc, « Introduction du séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 »,
Chaine YouTube Crois-sens, https://youtu.be/fE_zQRPNIEs
DESFORGES
Marc, « Conclusion du séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 », Chaine
YouTube Crois-sens, https://youtu.be/E5_-ac8_YP0
LENOT
Olivier, DESFORGES Marc et GILLI Frédéric, « Interprétation de l’AMI
« Territoires d’Innovation de Grande Ambition » (TIGA) »,
séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 https://youtu.be/23PP2ICEcj4
Pour bien commencer la rentrée 2019, nous avons
demandé à l’équipe Crois/Sens de dire ce qui les motive à créer une économie du
bien vivre pour, par et avec les citoyen.ne.s.
Benjamin Desforges est responsable des tiers lieux à Crois/Sens grâce à ses compétences clé en gestion de projet, finance / immobilier (tiers-lieux)…
Le témoignage de Benjamin Desforges :
Il s’agit d’accélérer la création d’une
dizaine de tiers
lieux CitéoSquare d’au moins 4 000 m2 en
France (Nanterre La Défense, Strasbourg, Lille…) afin de rendre accessible
un Bien-Vivre Maintenant à tous, en lien avec Accueil Partenaires, les
jeunes gérants d’hostels que nous accompagnons, et les exploitants des boucles
de services. Une vingtaine d’emplois seront créés à minima à travers chaque
tiers lieu.
Et le projet avance : une tête de réseau Alter Hostel en exploitation depuis 2016, plusieurs projets en cours de négociation/ pré déploiement et des partenariats stratégiques noués avec des collectivités, financeurs, promoteurs, bailleurs, exploitants du bien-vivre. Crois/Sens est co-lauréat d’un projet d’aménagement des Tours Aillaud à Nanterre La Défense et d’un tiers-lieu sur le site de l’hôpital Cash à Nanterre. Par ailleurs, nous avons lancé un réseau national et une formation des gérants d’hostels participatifs.
Présentation deBenjamin :
Benjamin met en œuvre ses 10 ans d’expérience en
gestion de projet et finances notamment solidaires pour promouvoir les tiers
lieux habités, citoyens et coopératifs ‘CitéoSquares’. Ces lieux hybrides
mobilisent l’énergie citoyenne à travers un entrepreneur du bien-vivre dans des
quartiers mixtes de 5 000 habitants dans les métropoles et cœurs de villes
moyennes.
Comment faire de la science et de la co-innovation, c’est-à-dire créer un espace collectif pour un travail collaboratif multiacteur innovant ? C’est la question que nous avons posé lors du séminaire du 30 novembre 2017 du collectif SmartCitizens sur lequel nous voulons revenir aujourd’hui alors qu’il y a au moins une triple actualité :
– la Ville de Paris vient de faire signer aux grands opérateurs immobiliers une charte autorisant l’occupation des locaux vides par des acteurs sociaux ou culturels, dans l’attente de travaux (plus d’infos ici)
– nous sommes lauréat pour un CitéoSquare à Nanterre (voir l’article de Benjamin sur le futur tiers-lieu du bien-vivre à Nanterre ici et mon article sur le projet global de Nanterre ici).
– nous lançons un réseau national et de la formation des gérants d’hostels participatifs (voir l’article de Benjamin ici).
Spécialisé depuis une dizaine d’années dans l’organisation de l’innovation collaborative (cluster), Marc Desforges développe ce savoir-faire au sein de Crois/Sens qu’il a fondé en 2014. Il a contribué à la création d’une centaine d’entreprises. Il a également créé les processus et la plateforme numérique permettant l’émergence de projets initiés avec les citoyens.
Marc Fournier a travaillé dans l’éolien, la robotique et les hackerspaces suite à des études en science avant de co-fonder La Paillasse dont il est le directeur aujourd’hui.
Dr Sébastien Poulain, docteur en Sciences de l’information et de la communication, chargé de recherche au sein de Crois/Sens. Il est cofondateur de Doctrix (blog Educpros / L’Etudiant de valorisation du doctorat), Humanitudes (association pour faire le lien entre les sciences humaines et sociales et les non académiques) et Doc’Door (maison du doctorat).
Les
interventions :
Olivier
Lenot débute la
discussion en faisant un bilan de l’évolution de l’AMI TIGA
qui vise déjà à saisir des dynamiques dans les territoires : 117
candidatures, 40 auditions pour 20 lauréats. La rédaction du cahier des charges
l’AAP TIGA a démarré pour sélectionner les candidatures qui doivent arriver
avant noël 2018. Il fait part de son intérêt pour certains concepts traités
lors du séminaire SmartCitizens : capacitation, appropriation des enjeux
sociétaux dans les usages, de débat, participation, co-innovation, confiance…
Il profite également de ce moment pour rappeler la problématique centrale de
TIGA : « comment est-ce que de nouvelles formes de gouvernance qui
associent les usagers / les citoyens, les pouvoirs publics territoriaux, les
universitaires, les entreprises sont en capacité et assez solides pour
infléchir les cours de projets ? ». Olivier Lenot insiste sur le fait
que ce troisième Plan d’Investissement d’Avenir quittait le seul registre
subventionnel (il y aura bien des subventions à hauteur d’1/3) pour que la
Caisse des Dépôts et Consignation puissent prendre des participations en
investissant en fonds propres dans des sociétés et structures qui vont réaliser
des projets qui concourent à l’innovation territoriale.
Marc
Desforges ajoute
que les grandes ambitions ont des coûts élevés et nécessitent donc des
financements importants. De plus, il faudra créer des structures qui peuvent
recevoir des fonds propres (comme des SCIC par
exemple). L’AMI a pour effet de mettre en tension les collectivités territoriales
car elles doivent impérativement faire participer les citoyens à
l’identification d’une « grande ambition » partagée sur un
territoire.
Sebastien Poulain explique comment il a abouti à l’idée de créer une maison du doctorat suite à son investissement dans la valorisation socio-économique des doctorants et docteurs. Ce projet consiste à faire en sorte que ces derniers s’impliquent sur leur territoire, non seulement pour présenter et expliquer leurs travaux de recherche aux personnes intéressées par la science (médiation des sciences) mais aussi pour participer à des projets collectifs (médiaction scientifique) de co-développement, de co-animation, ou de co-innovation. Habitant/Résidant dans cette « maison urbaine de la recherche » elle-même, ils pourront ainsi participer à l’animer : co-animer des résidences à destination des chercheurs qui seront pensées pour s’adapter à leurs besoins spécifiques – en termes financiers mais aussi pour leur mode de vie professionnel – en organisant des événements de valorisation scientifique, en formant à la recherche et science participative, en conseillant des entreprises ou associations grâce à leurs expertises…
Marc
Desforges en
profite pour souligner que la France est le 3ème pays d’accueil de
chercheurs, mais qu’il n’y a pas de lieu d’accueil adaptés pour eux/elles. Par
ailleurs, il soulève la question de la participation de ces chercheurs à
l’écosystème de co-innovation socio-économique dans un quartier. Elle est
nécessaire mais elle pose des difficultés en termes de gouvernance : un
tiers-lieu peut faciliter l’innovation, mais la question de son pilotage est
essentielle. Plusieurs conditions semblent prévaloir pour qu’un tiers-lieu
puisse effectivement favoriser la co-innovation :
être
ouvert à toutes les populations (chômeurs-ses, personnes en situation de
handicap dont Xavier Doublet a souligné la nécessité) : la mixité sociale
est fondamentale,
être
situé en centre-ville donc accessible,
traiter
de de thèmes sociétaux et interdisciplinaire (technologique, sciences humaines,
santé),
créer
de débats et générer de projets à petite et grande échelle (design thinking, makers, ESS, start up),
accueillir
avec de la bienveillance et de la confiance pour que des collaborations se
mettent en place, il faut aussi ; c’est l’expérimentation que nous
observons aujourd’hui au Café UtopiC à Mirecourt,
laisser
du temps pour que les idées germent, qu’elles suscitent des réactions, qu’elles
maturent, qu’elles soient appropriées pour pouvoir se développer plutôt que de
donner du « prémâché » aux citoyens (c’est ce qu’encourage Denis
Hameau, spécialiste de la SmartCity).
Le nombre de tiers-lieu augmente
fortement en France, mais elle en retard par rapport aux Etats-Unis. Par
ailleurs, les problèmes de socialisation concernent les doctorants mais aussi
les entrepreneurs et de nombreux autres acteurs du territoire, donc il n’y a
pas de problème de surplus.
Enfin, Marc Fournier revient sur la genèse de La Paillasse : un simple garage de banlieue mais très innovant et participatif. La philosophie originelle et originale : pour savoir ce qui se passe dans un laboratoire et éventuellement participer à ce qui s’y passe, il faut déjà pouvoir y entrer. La Paillasse prend en compte et valorise l’évolution des métiers et des besoins en compétences, le développement du collaboratif, l’interdisciplinarité. L’innovation sociale commence à être valorisée monétairement et financièrement, à l’image de Sony qui a demandé à La Paillasse de produire un capteur de température biodégradable en utilisant une boite à gants ! Pour cela, il faut faire tomber les barrières intellectuelles et outillées grâce à l’échange, le partage, la transmission d’informations. C’est ce qui nous permet de produire de la science, c’est-à-dire construire de la connaissance nous-mêmes à partir de l’expérimentation, des données numériques, de la recherche d’information. La Paillasse s’appuie sur le fait que les chercheurs des laboratoires publics ou privés n’ont pas les moyens humains de récolter des grandes quantités d’informations simultanément dans la nature par exemple. C’est ce qui se passe dans le cadre du projet-concours Epidemium, spécialisé sur le traitement du cancer, appuyé sur le big data dans le domaine de la santé, financé par l’entreprise Roche, piloté par un comité scientifique, animé par l’équipe de La Paillasse et où chacun peut travailler selon ses compétences et disponibilités (médecins, data scientists, chercheurs, citoyens amateurs intéressés par la science). Cette science participative ou science citoyenne est de plus en plus encouragée, soutenue, valorisée par l’Europe, le ministère, le CNRS (mission « Sciences ouverte » de Marin Dacos ; Alliance sciences sociétés Alliss). Au final, La Paillasse et son écosystème sont bien en capacité aujourd’hui de publier des articles scientifiques dans des revues scientifiques classiques.
Suite aux discussions, nous avons fait une visite de La Paillasse que nous remercions pour le fait d’avoir rendu possible l’événement :
Présent-e-s
en plus de l’équipe Smartcitizen :
Lors de ce séminaire qui s’est tenu exceptionnellement à La Paillasse, une trentaine de personnes sont présentes : principalement des chercheurs (Pasteur, INRA et universités), mais aussi des représentants de collectivités territoriales intéressés par la science comme Denis Hameau (Conseiller Municipal et Conseiller métropolitain à Dijon, délégué à l’enseignement supérieur et à l’innovation), Pauline Desbuisson (métropole de Lille, en charge de la démarche TIGA), John Huet (adjoint au Maire de Lons Le Saunier), ou entreprises avec Xavier Doublet (Chef de projet TIH BUSINESS), Lito Achimastos (HEMERE Consulting) et Joannie Leclerc (Governance and Dialogue Manager, Sustainable Development Department, SUEZ).
Pour en
savoir plus sur nos autres séminaires SmartCititzens, lire les références
ci-dessous.
CORDOBA
Vanessa, DESFORGES Marc et GILLI Fréderic, « Territoires et innovation », Travaux (Délégation interministérielle à l’aménagement et à la
compétitivité des territoires), volume 17, La Documentation française,
Collection Travaux / DATAR, Paris, 2013, 107 pages, https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb436436720.public
LENOT
Olivier, DESFORGES Marc et GILLI Frédéric, « Interprétation de l’AMI
« Territoires d’Innovation de Grande Ambition » (TIGA) »,
séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 https://youtu.be/23PP2ICEcj4
Sandrine Tobie dans l’épisode 6 de la série sur les « Entrepreneurs.euses du bien-vivre ».
A l’occasion du lancement de la 2ème saison de la
formation « Entrepreneurs.euses du bien-vivre », nous avons souhaité
réaliser une vidéo de présentation de ce nouveau métier et de la formation pour
développer les compétences nécessaires.
Nous avons donc interrogé ceux qui ont mis en place cette
formation et ceux, ou plutôt celles qui ont suivi cette formation pour leur
demander ce qu’ils en pensent :
Episode 6 : « Quelles sont les missions d’un.e EBV,
concrètement ? » C’est Sandrine Tobie, Entrepreneuse du bien-vivre à Lyon, qui a répondu à cette question.
Voici donc Sandrine Tobie, entrepreneuse du
bien-vivre à Lyon, qui nous explique ses missions concrètes :
« Ma
mission principale en tant qu’entrepreneuse du bien-vivre est de faire dialoguerles différents acteurs d’un même territoire :
les
institutions,
les associations,
les entreprises,
les
citoyens et citoyennes…
Pour
accélérer ou faire émerger des projets
qui amélioreront la qualité de vie de tous.
Donc
concrètement, je vais à la rencontre des
porteurs de projet,des initiatives
qui ont du sens sur le territoire.
Comme aujourd’hui avec « Les petites cantines » qui recréent du lien social à l’échelle d’un quartier via une cantine participative.