Rappelez-vous en septembre une dizaine d’auditeurs de l’IHEDATE venaient visiter Mirecourt et les expérimentations que nous y menions. Ils nous ont remis cette semaine leur rapport qui reprend leurs préconisations et conseils pour essaimer le modèle mirecurtien. Leur passage à Mirecourt les 17 et 18 septembre dernier avait en effet été décisif puisqu’il nous avait convaincu de la solidité de nos propositions et avait marqué le lancement de la Pépinière que les participants à l’atelier nous avaient eux-mêmes suggérés.
Nous nous trompions d’après eux en leur demandant ce que Mirecourt pouvait pour Nancy (sujet imposé par l’organisation) quand il fallait plutôt se demander comment un territoire peut puiser dans ses propres ressources pour se redynamiser : ce en quoi l’exemple de Mirecourt est particulièrement innovant d’après eux ! Outre la Pépinière, parmi leurs recommandations pour la reproductibilité du projet on trouve un encouragement à financer des structures hybrides innovantes (comme la SCIC), des lieux pour fortifier les liens faibles (comme le café UtopiC), partir de l’ « étincelle locale » et enfin un droit à l’échec, au flou et au temps long.
Encore merci à eux pour leur participation et leurs retours !
La restitution en video de l’atelier sera bientôt disponible sur le site de l’IHEDATE
UN REFERENTIEL D’EVALUATION DES PARTENARIATS DE PROJETS : « L’évaluation partenariale en pratique » du Rameau
Jérôme Chambin (GRDF) et Charles-Benoît Heidsieck (Le Rameau)
Le
5 novembre 2019, le RAMEAU a rendu public un référentiel d’évaluation des
partenariats, élaboré dans la continuité de ses travaux sur la co-production de
projets de territoire. Ce référentiel repose sur 3 observations :
un développement rapide de la co-construction sur les territoires,
une vision de mieux en mieux partagée, au sein des alliances, des besoins des territoires et des innovations sociétales qui permettent une action collaborative de transformation,
mais une progression lente de la pratique de l’évaluation des partenariats.
Ce
référentiel « fruit d’une décennie de recherche empirique sur l’évaluation
partenariale », sur laquelle Le RAMEAU capitalise :
modélise
les objectifs poursuivis par les partenariats, à la mesure des impacts de leurs
actions et opérations, en une sorte de continuum des processus de
co-construction ;
énonce
les 3 objets de l’évaluation : le produit du partenariat, l’équilibre du
partenariat et la valorisation des différentes participations au dispositif mis
en place.
Cette
approche a été illustrée par le cas concret du partenariat de la Fondation RATP
avec le musée du Louvre-Lens, le Réseau Envie et Makesense.
Ce
partenariat avait un double objectif : intégrer le musée dans son
territoire en liant médiation culturelle et médiation sociale pour une
meilleure insertion sociale et professionnelle de jeunes déscolarisés, dans la perspective
d’éventuels recrutements (RATP, GRDF…). Il a montré que l’évaluation n’est pas un
« moment », mais un « chemin » permettant aux différents partenaires
– de taille très différente – de trouver leur juste place, dans une démarche
apprenante, par un cadrage de leurs différents objectifs et une articulation de
leurs moyens respectifs.
Document très dense,
« L’évaluation partenariale en pratique » comprend 3
parties :
« Comprendre
le mouvement de co-construction en France » est une synthèse
historique des dix dernières années de travaux du Rameau et de ses prolongements
(Observatoire des partenariats par exemple) et une valorisation du mouvement de
co-construction dans sa sphère d’influence ;
« Accélérer
les impacts de la co-construction du bien commun » est une mise à plat
méthodologique, dans la même logique de valorisation, et une modélisation par
de nombreux tableaux et schémas des enjeux de la co-construction et des
différents stades possibles du processus avec citation de nombreux cas et
outils pratiques.
« L’évaluation
partenariale : agir dès aujourd’hui ! » est le véritable guide
pratique de l’évaluation partenariale : fondé sur les principes, notions
et étapes définis dans les 2 premières parties, il est assorti d’un lexique des
différentes notions de la co-construction.
La diversité des démarches
et des interrogations des institutions impliquées dans des projets en
co-construction est ensuite apparue lors d’une table ronde :
– ce peut être un moyen (pour un
établissement financier comme les Caisses d’Epargne) de rester présent dans des
territoires fragiles, alors que le financement des collectivités, de faible
rentabilité, est fragilisé par le modèle économique de nouveaux entrants à
moindre valeur ajoutée (type Uber).
– plus généralement, co-construire le bien
commun – compris comme une dimension transversale qui dépasse les partenaires
– re-donne du sens à l’action. Avec les 17 Objectifs de Développement Durable et
leurs 169 cibles, qui se croisent, on sort d’une logique de silos pour aller vers
l’universel, mais il ne faut pas oublier le social.
–
Comment identifier les besoins des
territoires dans leur diversité ? Les solutions a priori – qu’on
est toujours tenté.e de donner – ne marchent jamais car il n’y a pas de réponse
unique. Il faut :
inventer le « 1er km des besoins »
et le « 1er km des solutions »,
adapter le curseur de l’évaluation à la
diversité des partenaires en fonction de l’impact sur le bien commun.
Comment
justifier le retour sur investissement d’actions sociales auprès de
financiers ? C’est l’objet de MESIS, outil méthodologique d’évaluation et
de suivi de l’impact social des entreprises créé par la CDC, BNP et des CEP en
lien avec l’INCO.
D’où
l’idée de « dividende social » avancée par Vyv pour les partenariats
à venir, en lien avec la lutte contre la pauvreté.
Plus
généralement, rien ne se fait sans pionniers qui prennent le risque de faire
différemment, avant que ce « modèle » soit repris par d’autres et
s’élargisse.
Selon
C-B HEIDSIECK, son Président, la démarche du RAMEAU se caractérise in
fine par :
une
vision 3 R de la relation partenariale : Relier, Relire, Reconnaître,
une
valorisation de l’action de transformation supposant de : Capitaliser,
Evaluer et Modéliser économiquement,
une
anticipation du moyen terme,
tous segments d’une démarche qu’il s’agit de faire
valoir et faire reconnaître.
Rigoureux et très documenté, le référentiel du « laboratoire
de recherche appliquée » qu’est Le RAMEAU est un document
particulièrement intéressant pour les générateurs et porteurs de projets comme
CROIS/SENS à qui il offre différents points de références nourris d’expériences
concrètes de projets de territoire sur un continuum à usage libre, compte-tenu
de la diversité des acteurs, de l’objet de leurs partenariats et des territoires
eux-mêmes.
CORDOBA Vanessa, DESFORGES Marc et GILLI Fréderic, « Territoires et innovation », Travaux (Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires), volume 17, La Documentation française, Collection Travaux / DATAR, Paris, 2013, 107 pages, https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb436436720.public
Impliquer les citoyens est l’objectif de Camille Morel et cela passe par le bousculement des schémas de gouvernance !
Pour bien
commencer la rentrée 2019, nous avons demandé à l’équipe Crois/Sens de dire ce
qui les motive à créer une économie du bien vivre pour, par et avec les
citoyen.ne.s.
Camille Morel est responsable du programme de recherche et de la boucle CitéoMédia qui vise à impliquer les citoyens grâce à sa compétence clé de docteur en Urbanisme et Aménagement de l’espace.
Son
témoignage :
« Mon objectif est de bousculer les schémas de gouvernance trop datés qui excluent les citoyens de la décision. Mon travail de recherche depuis 8 ans s’articule autour des enjeux de participation citoyenne et vers la recherche de nouveaux modes et de nouvelles méthodes pour impliquer les citoyens dans le débat public. Avec CiteoMedia, nous proposons une méthode pour faire des habitants des relais locaux de la co-innovation et ainsi leur faire prendre conscience de leur pouvoir d’agir. »
Camille coordonne
nos travaux de recherche-action, elle a synthétisé nos partis-pris tout mis dans
un guide dont on vous parle ici.
Présentation :
Camille est
chargée de recherche Expérimentation citoyenne chez Crois/Sens depuis janvier
2017. Docteure en urbanisme et aménagement, elle a rédigé une thèse sur la
participation citoyenne et le rôle du débat dans les projets d’aménagement. En
charge du pôle « recherche » de Crois-Sens, elle travaille à
l’élaboration d’une méthode de mobilisation citoyenne pour innover ensemble
dans chaque territoire dans la co-innovation. Elle est chercheure
associée au Laboratoire
Environnement, Ville, Société de l’Université de Lyon.
Références pour en savoir plus :
EZVAN Cécile,
MOREL Camille et POULAIN Sebastien,
« Le territoire et ses ressources : un commun comme un autre ?
L’étude de la gouvernance d’une SCIC de développement local dans les
Vosges », in Cécile Renouard et
Swann Bommier (sous la direction de), « Entreprises et communs », Entreprise & société, n°6, 2019 (à paraître)
MOREL Camille,
« La récupération de l’espace public à travers sa définition. Repenser le
conflit urbain à partir du projet de réaménagement du parc Lezama à Buenos
Aires », L’espace en partage. Approche
interdisciplinaire de la dimension spatiale des rapports sociaux, dans Yves
Bonny, Nicolas Bautès et Vincent Gouëset (sous la direction de), Presses
Universitaires de Rennes, Collection Géographie sociale, Rennes, juillet 2017
MOREL
Camille, « Les enjeux politiques des conflits d’usage de l’espace public :
le cas des parcs Lezama et Micaela Bastidas à Buenos Aires », dans La ville conflictuelle. Oppositions –
Tensions – Négociations, dans Didier Desponds et
Elizabeth Auclair (sous la direction de), Editions Le Manuscrit, collection
Devenirs urbains, avril 2016
MOREL Camille,
« Eleonora Elguezabal, Frontières Urbaines. Les mondes sociaux des
copropriétés fermées », Recensions d’ouvrages, Espaces et sociétés 2017/1, à paraître
« Des outils innovants pour faire ensemble » Pour une économie du bien vivre : Episode 2 par Agathe Brenguier
Pour bien commencer la rentrée 2019, nous avons demandé à l’équipe Crois/Sens de dire ce qui les motive à créer une économie du bien vivre pour, par et avec les citoyen.ne.s.
Agathe Brenguier est cheffe de projet bien-vivre, en coordination sur plusieurs territoires (Lorraine-Lille-Marseille) grâce à ses compétences clés en gestion de projet, sa connaissance des boucles de services en faveur du bien-vivre.
Son témoignage :
De nombreux enjeux se posent sur les territoires urbains comme ruraux pour répondre aux besoins des habitants, sur des thématiques très diverses, comme l’alimentation, l’énergie ou encore la mobilité. De nouvelles manières de « faire ensemble » sont nécessaires pour que les acteurs, publics et privés, y répondent. L’équipe de Crois/Sens développe et fournit des outils innovants et nécessaires de gouvernance, de mobilisation et de financement.
Présentation d’Agathe :
Agathe Brenguier est consultante chez Crois/Sens depuis février 2018. Diplômée de Sciences Po Toulouse et spécialisée dans les thématiques du développement durable, elle a collaboré avec plusieurs acteurs publics et privés…
Crois/Sens a participé au Forum organisé par Force Femmes, association reconnue d’intérêt général qui accompagne gratuitement les femmes de plus de 45 ans sans emploi dans leurs démarches de retour à l’emploi ou de création d’entreprises.
Anne Méauxà gauche à la tribune
Vendredi
13 septembre 2019, l’association Force Femmes, implantée dans 14 villes,
organisait son premier forum à Marseille. Christine Bugliani, Directrice
Territoriale Déléguée de Pôle Emploi Marseille – Bouches-du-Rhône, rappelle les
enjeux de cette journée ; le taux de chômage
chez les seniors approche les 6%, soit trois fois moins que celui des jeunes.
Ce taux diffère assez peu entre les hommes et les femmes, notamment dans les
CSP+. Dans les secteurs moins qualifiés, avec des contrats en CDD et en temps
partiels, le chômage des femmes demeure moins visible et moins indemnisé. Par
ailleurs, quand l’ensemble des actifs de plus de 45 ans, une fois au chômage,
voient leur accès au marché du travail se dégrader, ce phénomène s’accentue pour
les femmes, qui cumulent parfois une situation d’enfants à charge ou
d’aidantes.
Le projet de Force
Femmes : sortir de l’isolement, recréer un réseau professionnel
Force Femmes souhaite
accompagner des femmes qui se retrouvent éloignées de l’emploi à cause
d’accidents de vie ou tout simplement de choix.
Elles peuvent vivre une rupture de travail, couplée ou non avec une
rupture de vie (séparation), ce qui peut mener à un sentiment de honte et un
isolement. Il est dès lors important de pouvoir partager leurs difficultés, et de
reprendre confiance grâce au regard des autres.
Le projet se base tout
d’abord sur des notions d’empathie, de solidarité et de sororité, puisque
l’association a été créée par des femmes voulant venir en aide à d’autres
femmes. Cet accompagnement prend la forme d’entretiens individuels et de
groupes de travail, permettant de travailler son réseau professionnel. Le
projet se base également sur la mise en avant de l’intergénérationnel, qui est
de plus en plus reconnu comme une force au sein de l’entreprise, comme le
soulignait Malika Idri, d’AG2R La Mondiale, notamment à travers le mentorat.
L’autre sujet majeur soulevé
lors de ce forum est les particularités des secteurs qui recrutent en
France ; informatique, sécurité, BTP, transport, des métiers
« traditionnellement masculins », bien qu’ouverts à toutes et tous.
Beaucoup de femmes n’envisagent pas une carrière dans ces secteurs à cause des
stéréotypes qui les entourent, notamment en matière de pénibilité physique. Or,
ces métiers « traditionnellement masculins » sont mieux payés que ceux
« traditionnellement féminins », comme les services à la personne.
Plusieurs pistes ont été évoquées pour encourager les femmes à s’orienter vers
ces secteurs : plus de pédagogie dès le plus jeune âge pour faire tomber
les stéréotypes de genre liés aux métiers, ou, initiative lancée par Pôle
Emploi, un accompagnement spécifique pour les reconversions des femmes vers les
métiers « traditionnellement masculins ».
Le mot de la Vice-Présidente
Anne Méaux
La journée s’est déroulée
sous le patronage d’Anne Méaux, femme d’affaire et vice-présidente et
fondatrice de Force Femmes, qui y a présenté son engagement : « La question du retour à l’emploi est un
véritable fait de société. C’est-à-dire 1/qu’il est massif 2/qu’il prend des
formes et a des causes diverses et complexes et 3/que ce qui se joue dans le
fait d’avoir un emploi est bien plus que d’avoir de quoi vivre. Il s’agit aussi
d’exister dans la société, d’y avoir une place, d’être regardée, reconnue,
considérée…
Force Femmes s’est construite
sur ce triple prisme -âge, genre et statut professionnel- pour lutter contre un
phénomène complexe, une forme insidieuse de violence et d’exclusion qui frappe
les femmes de manière pas exclusive mais particulière, spécifique : le pire
ennemi dans ces moments de la vie c’est l’isolement. »
Quels modèles pour les investissements et le financement des innovations citoyennes au service du bien-vivre dans les territoires ? C’est la question que nous avons posé lors du séminaire du 13 décembre 2017 du Collectif SmartCitizens sur lequel nous voulons revenir aujourd’hui, au regard du déploiement des projets de Crois/Sens.
En effet, Crois/Sens poursuit le déploiement
territorial des sociétés de co-développement, qui visent à favoriser
l’essor du bien-vivre dans les territoires par l’amorçage de projets
économiques viables qui recouvrent des domaines très variés (santé, nutrition,
mobilité, énergie…).
C’est
dans cet objectif que Crois/Sens, dans le cadre d’une mission de conseil, a accompagné
depuis 2018 au sein d’un groupement la Métropole Européenne de Lille (MEL) dans
la structuration d’un projet de territoire autour de la notion de bien-vivre et
de la place centrale des usagers-citoyens. Une concertation citoyenne
ambitieuse a été lancée (dix réunions publiques d’une centaine de personnes,
100 rencontres et entretiens individuels) qui ont permis d’identifier les
besoins à couvrir. En parallèle de la concertation citoyenne, Crois/Sens a mené
un travail d’identification et de rencontre de plus de 35 porteurs de projets
afin de poser les bases d’alliances inédites pour le territoire. Ces actions
préfigurent un modèle innovant de financement.
Agathe
Brenguier
Cheffe
de projet Bien-Vivre
Et voici le compte-rendu du séminaire :
Voici, tout d’abord, une présentation des intervenants invité.e.s :
Cécile Ezvan est philosophe et économiste. Elle enseigne à l’Essec et à l’Icp. Chercheure associée à l’Essec, elle travaille sur la transformation des modèles économiques, l’innovation sociale et écologique et le bien-vivre au travail.
Gilles Caretti est infirmier et directeur de l’Institut Médico-Educatif du Beau Joly de Mirecourt.
Vincent Aurezest chercheur à l’Institut de l’Economie Circulaire.
Thierry Philipponnat est directeur de l’Institut Friedland et ancien président du Forum d’Investissement Responsable (FIR).
Les interventions sur les nouvelles forme de financement :
Cécile
Ezvan pose l’intérêt des acteurs politiques et économiques pour les nouvelles
formes de solidarités, les questions d’éthique, leur implication dans le
développement de « capacités » et l’objectif de vie bonne,
« digne » (Martha Nussbaum), « choisie » (Amartya Sen) dans
différents domaines : santé, lien social, logement, préservation de
l’environnement. Il s’agit de mettre chacun en capacité de développer des
projets associatifs et entrepreneuriaux sur les territoires en s’appuyant sur
un indicateur de capacités relationnelles-ICR (CR atelier du 19/09/2017).
Gilles
Caretti présente la méthode bien-vivre qu’il emploie à l’Institut
Médico-Educatif du Beau Joly de Mirecourt : bienveillance, approche
globale de la santé et de l’éducation, naturopathie (bromatologie, hydrologie
et la balnéation, kinésithologie, psychologie), collaboration multiacteurs
(personnel de l’établissement – familles – fournisseurs), mesure d’efficacité
(bilan IoMET)… Les résultats sont impressionnants et chiffrés en termes
d’insertion : augmentation de la durée de l’attention, diminution des
troubles du comportement, diminution de la durée de la présence dans l’institut
(3 ans au lieu de 4 ailleurs), diminution des coûts financiers pour la
collectivité. Gilles Caretti propose d’utiliser cette méthode dans d’autres
institutions, sur d’autres territoires, à d’autres échelles grâce à la création
d’une école de naturopathie. Crois/Sens s’appuie sur cette idée pour lancer une
école des entrepreneurs du bien-vivre où le capital santé permet le
développement socio-économique du territoire :
Vincent
Aurez intervient sur le financement de ce type de projet via la finance
solidaire et les fonds ESUS dans les territoires. Spécialiste de l’économie
sociale et solidaire, il observe que le fait de mettre en place une économie
circulaire territoriale (plutôt qu’a-territoriale) appuyée sur des partenariats
et de la mutualisation permet des économies d’échelle externes à l’entreprise.
Le simple recyclage ne permet pas à lui seul de combler l’augmentation de la
demande en ressources primaires. D’où la nécessité de faire de cette économie
circulaire un principe d’organisation. Notamment au niveau d’un bâtiment en ce
qui concerne l’énergie car il y a 5,1 millions de personnes en précarité
énergétique, 3,5 millions mal logées ou sans abris, 1,8 millions en attente de
logement social… Vincent Aurez s’appuie sur l’exemple d’un bâtiment de
1 700 m² construit récemment à Paris (Buzenval) par Novaxia qui dispose de
toutes les caractéristiques de l’économie circulaire, durable et
solidaire : éco-conception (matériaux recyclés, économie d’énergie
renouvelable), mixité sociale, socialisation dans des espaces partagés, investi
par des associations, salariat de 16 personnes à temps plein… Etant rentable
économiquement en plus d’être à l’avant-garde sociale et environnementale, il
attire le financement
participatif et les investissements de
type ESUS, tout en permettant le développement du projets susceptibles de se
rapprocher de la finance.
Ace
sujet du financement, Thierry Philipponnat pense que l’argent ne manque pas, y compris pour des
critères extrafinanciers ESSG (environnement, social, sociétal, gouvernance).
Par exemple, les montants en K-risque en France sont supérieurs à ceux en
Grande-Bretagne et Allemagne. Chaque projet peut trouver un type de financement
adapté. En effet, il y a « des » finances et non « une »
finance. Par exemple, le projet de Gilles Caretti peut être fiancé par des
titres participatifs et des SIB (Social Impact Bons) alors que ce sont des
fonds propres qui sont adaptés pour le projet Novaxia. Il s’agit donc de
s’adresser aux bonnes personnes avec le bon vocabulaire et savoir exactement
quels sont les objectifs (atteindre des pools de capitaux mainstream ou des poches identifiées ?).
Discussion :
Marc Desforges pense qu’il s’agit de parvenir à financer des projets dans la fourchette 500k€ / 1M€. Pour Jean-Michel Mépuis (Horizon conseil), cela doit passer par de la modélisation du surcroît de la dimension sociétale et de bien-vivre qui va apporter la valeur à la nourriture, à l’immobilier, à la gestion des déchets. Cela peut passer, selonDenis Hameau, par des fondations de territoire qui peuvent jouer le rôle de relais et intermédiaire. Françoise Dumaine (Cifasol) plaide pour faire évoluer le cadre réglementaire de la finance pour faire remonter des projets territoriaux et amener des financiers dans des projets à dimension solidaire qui doivent être systémiques : bio-psycho-sociaux. En effet, les entrepreneurs handicapés ont, par exemple, des difficultés d’accès au crédit et à l’emprunt selon Xavier Doublet (TIH Business).
Présent-e-s en plus de l’équipe Smartcitizen :
Lors de ce dernier séminaire sont présents : des chercheurs comme Pamela Moore du « Collectif doctoral pour la diversité de la recherche » ou Gerardo Gil (doctorant spécialiste des coopérations entre entreprises, associations et pouvoirs publics pour de l’innovation sociale), Zoé Bengherbi (responsable des partenariat à La Paillasse), des représentants de collectivités territoriales comme Denis Hameau (Conseiller Municipal, et Conseiller métropolitain, délégué à l’enseignement supérieur et à l’innovation), Pauline Desbuisson (métropole de Lille, en charge de la démarche TIGA), et des représentants des entreprises avec Jean-Yves Besombes (Pragma-tic), Renaud Desforges (Air Liquide), l’équipe CIFASOL (Conseil en Investissement Financier, Créateur de l’Empreinte Solidaire) comprenant Françoise Dumaine, Jean-Michel Mépuis et Xavier Doublet.
Pour en
savoir plus sur nos autres séminaires SmartCititzens, lire les références
ci-dessous.
CORDOBA
Vanessa, DESFORGES Marc et GILLI Fréderic, « Territoires et innovation », Travaux (Délégation interministérielle à l’aménagement et à la
compétitivité des territoires), volume 17, La Documentation française,
Collection Travaux / DATAR, Paris, 2013, 107 pages, https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb436436720.public
DESFORGES
Marc, « Introduction du séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 »,
Chaine YouTube Crois-sens, https://youtu.be/fE_zQRPNIEs
DESFORGES
Marc, « Conclusion du séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 », Chaine
YouTube Crois-sens, https://youtu.be/E5_-ac8_YP0
LENOT
Olivier, DESFORGES Marc et GILLI Frédéric, « Interprétation de l’AMI
« Territoires d’Innovation de Grande Ambition » (TIGA) »,
séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 https://youtu.be/23PP2ICEcj4
Comment faire de la science et de la co-innovation, c’est-à-dire créer un espace collectif pour un travail collaboratif multiacteur innovant ? C’est la question que nous avons posé lors du séminaire du 30 novembre 2017 du collectif SmartCitizens sur lequel nous voulons revenir aujourd’hui alors qu’il y a au moins une triple actualité :
– la Ville de Paris vient de faire signer aux grands opérateurs immobiliers une charte autorisant l’occupation des locaux vides par des acteurs sociaux ou culturels, dans l’attente de travaux (plus d’infos ici)
– nous sommes lauréat pour un CitéoSquare à Nanterre (voir l’article de Benjamin sur le futur tiers-lieu du bien-vivre à Nanterre ici et mon article sur le projet global de Nanterre ici).
– nous lançons un réseau national et de la formation des gérants d’hostels participatifs (voir l’article de Benjamin ici).
Spécialisé depuis une dizaine d’années dans l’organisation de l’innovation collaborative (cluster), Marc Desforges développe ce savoir-faire au sein de Crois/Sens qu’il a fondé en 2014. Il a contribué à la création d’une centaine d’entreprises. Il a également créé les processus et la plateforme numérique permettant l’émergence de projets initiés avec les citoyens.
Marc Fournier a travaillé dans l’éolien, la robotique et les hackerspaces suite à des études en science avant de co-fonder La Paillasse dont il est le directeur aujourd’hui.
Dr Sébastien Poulain, docteur en Sciences de l’information et de la communication, chargé de recherche au sein de Crois/Sens. Il est cofondateur de Doctrix (blog Educpros / L’Etudiant de valorisation du doctorat), Humanitudes (association pour faire le lien entre les sciences humaines et sociales et les non académiques) et Doc’Door (maison du doctorat).
Les
interventions :
Olivier
Lenot débute la
discussion en faisant un bilan de l’évolution de l’AMI TIGA
qui vise déjà à saisir des dynamiques dans les territoires : 117
candidatures, 40 auditions pour 20 lauréats. La rédaction du cahier des charges
l’AAP TIGA a démarré pour sélectionner les candidatures qui doivent arriver
avant noël 2018. Il fait part de son intérêt pour certains concepts traités
lors du séminaire SmartCitizens : capacitation, appropriation des enjeux
sociétaux dans les usages, de débat, participation, co-innovation, confiance…
Il profite également de ce moment pour rappeler la problématique centrale de
TIGA : « comment est-ce que de nouvelles formes de gouvernance qui
associent les usagers / les citoyens, les pouvoirs publics territoriaux, les
universitaires, les entreprises sont en capacité et assez solides pour
infléchir les cours de projets ? ». Olivier Lenot insiste sur le fait
que ce troisième Plan d’Investissement d’Avenir quittait le seul registre
subventionnel (il y aura bien des subventions à hauteur d’1/3) pour que la
Caisse des Dépôts et Consignation puissent prendre des participations en
investissant en fonds propres dans des sociétés et structures qui vont réaliser
des projets qui concourent à l’innovation territoriale.
Marc
Desforges ajoute
que les grandes ambitions ont des coûts élevés et nécessitent donc des
financements importants. De plus, il faudra créer des structures qui peuvent
recevoir des fonds propres (comme des SCIC par
exemple). L’AMI a pour effet de mettre en tension les collectivités territoriales
car elles doivent impérativement faire participer les citoyens à
l’identification d’une « grande ambition » partagée sur un
territoire.
Sebastien Poulain explique comment il a abouti à l’idée de créer une maison du doctorat suite à son investissement dans la valorisation socio-économique des doctorants et docteurs. Ce projet consiste à faire en sorte que ces derniers s’impliquent sur leur territoire, non seulement pour présenter et expliquer leurs travaux de recherche aux personnes intéressées par la science (médiation des sciences) mais aussi pour participer à des projets collectifs (médiaction scientifique) de co-développement, de co-animation, ou de co-innovation. Habitant/Résidant dans cette « maison urbaine de la recherche » elle-même, ils pourront ainsi participer à l’animer : co-animer des résidences à destination des chercheurs qui seront pensées pour s’adapter à leurs besoins spécifiques – en termes financiers mais aussi pour leur mode de vie professionnel – en organisant des événements de valorisation scientifique, en formant à la recherche et science participative, en conseillant des entreprises ou associations grâce à leurs expertises…
Marc
Desforges en
profite pour souligner que la France est le 3ème pays d’accueil de
chercheurs, mais qu’il n’y a pas de lieu d’accueil adaptés pour eux/elles. Par
ailleurs, il soulève la question de la participation de ces chercheurs à
l’écosystème de co-innovation socio-économique dans un quartier. Elle est
nécessaire mais elle pose des difficultés en termes de gouvernance : un
tiers-lieu peut faciliter l’innovation, mais la question de son pilotage est
essentielle. Plusieurs conditions semblent prévaloir pour qu’un tiers-lieu
puisse effectivement favoriser la co-innovation :
être
ouvert à toutes les populations (chômeurs-ses, personnes en situation de
handicap dont Xavier Doublet a souligné la nécessité) : la mixité sociale
est fondamentale,
être
situé en centre-ville donc accessible,
traiter
de de thèmes sociétaux et interdisciplinaire (technologique, sciences humaines,
santé),
créer
de débats et générer de projets à petite et grande échelle (design thinking, makers, ESS, start up),
accueillir
avec de la bienveillance et de la confiance pour que des collaborations se
mettent en place, il faut aussi ; c’est l’expérimentation que nous
observons aujourd’hui au Café UtopiC à Mirecourt,
laisser
du temps pour que les idées germent, qu’elles suscitent des réactions, qu’elles
maturent, qu’elles soient appropriées pour pouvoir se développer plutôt que de
donner du « prémâché » aux citoyens (c’est ce qu’encourage Denis
Hameau, spécialiste de la SmartCity).
Le nombre de tiers-lieu augmente
fortement en France, mais elle en retard par rapport aux Etats-Unis. Par
ailleurs, les problèmes de socialisation concernent les doctorants mais aussi
les entrepreneurs et de nombreux autres acteurs du territoire, donc il n’y a
pas de problème de surplus.
Enfin, Marc Fournier revient sur la genèse de La Paillasse : un simple garage de banlieue mais très innovant et participatif. La philosophie originelle et originale : pour savoir ce qui se passe dans un laboratoire et éventuellement participer à ce qui s’y passe, il faut déjà pouvoir y entrer. La Paillasse prend en compte et valorise l’évolution des métiers et des besoins en compétences, le développement du collaboratif, l’interdisciplinarité. L’innovation sociale commence à être valorisée monétairement et financièrement, à l’image de Sony qui a demandé à La Paillasse de produire un capteur de température biodégradable en utilisant une boite à gants ! Pour cela, il faut faire tomber les barrières intellectuelles et outillées grâce à l’échange, le partage, la transmission d’informations. C’est ce qui nous permet de produire de la science, c’est-à-dire construire de la connaissance nous-mêmes à partir de l’expérimentation, des données numériques, de la recherche d’information. La Paillasse s’appuie sur le fait que les chercheurs des laboratoires publics ou privés n’ont pas les moyens humains de récolter des grandes quantités d’informations simultanément dans la nature par exemple. C’est ce qui se passe dans le cadre du projet-concours Epidemium, spécialisé sur le traitement du cancer, appuyé sur le big data dans le domaine de la santé, financé par l’entreprise Roche, piloté par un comité scientifique, animé par l’équipe de La Paillasse et où chacun peut travailler selon ses compétences et disponibilités (médecins, data scientists, chercheurs, citoyens amateurs intéressés par la science). Cette science participative ou science citoyenne est de plus en plus encouragée, soutenue, valorisée par l’Europe, le ministère, le CNRS (mission « Sciences ouverte » de Marin Dacos ; Alliance sciences sociétés Alliss). Au final, La Paillasse et son écosystème sont bien en capacité aujourd’hui de publier des articles scientifiques dans des revues scientifiques classiques.
Suite aux discussions, nous avons fait une visite de La Paillasse que nous remercions pour le fait d’avoir rendu possible l’événement :
Présent-e-s
en plus de l’équipe Smartcitizen :
Lors de ce séminaire qui s’est tenu exceptionnellement à La Paillasse, une trentaine de personnes sont présentes : principalement des chercheurs (Pasteur, INRA et universités), mais aussi des représentants de collectivités territoriales intéressés par la science comme Denis Hameau (Conseiller Municipal et Conseiller métropolitain à Dijon, délégué à l’enseignement supérieur et à l’innovation), Pauline Desbuisson (métropole de Lille, en charge de la démarche TIGA), John Huet (adjoint au Maire de Lons Le Saunier), ou entreprises avec Xavier Doublet (Chef de projet TIH BUSINESS), Lito Achimastos (HEMERE Consulting) et Joannie Leclerc (Governance and Dialogue Manager, Sustainable Development Department, SUEZ).
Pour en
savoir plus sur nos autres séminaires SmartCititzens, lire les références
ci-dessous.
CORDOBA
Vanessa, DESFORGES Marc et GILLI Fréderic, « Territoires et innovation », Travaux (Délégation interministérielle à l’aménagement et à la
compétitivité des territoires), volume 17, La Documentation française,
Collection Travaux / DATAR, Paris, 2013, 107 pages, https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb436436720.public
LENOT
Olivier, DESFORGES Marc et GILLI Frédéric, « Interprétation de l’AMI
« Territoires d’Innovation de Grande Ambition » (TIGA) »,
séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 https://youtu.be/23PP2ICEcj4
Les alliances territoriales : compte-rendu de la 5ème rencontre des pionniers des alliances en territoire
La 5ème rencontre des pionniers des alliances en territoire organisées le 26 juin 2019 par Le Rameau avec le titre « Ensemble, valorisons les territoires ! » de 9h à 17h30 au siège de la Fédération Nationale des Caisses d’Epargne (5, rue Masseran 75007 Paris).
Présentation de la rencontre sur les alliances territoriales :
76% des maires
considèrent que leur territoire est entré dans une dynamique de co-construction
à la fois pour réduire les fragilités et pour créer de nouveaux moteurs de
croissance et d’emploi, et 46% d’entre eux nesavent pas encore
comment piloter ce mouvement d’alliances innovantes (Rapport quinquennal
PHARE « Fragilités et co-construction territoriale » (Observatoire des
partenariats, février 2018)).
La
« catalyse » a progressivement émergé comme 3ème ingénierie
territoriale aux côtés de celles de gestion et du management de projets locaux.
Elle facilite la mobilisation collective des acteurs d’un territoire
pour agir ensemble au service des défis communs. En une décennie, le métier de
« catalyseur territorial » s’est structuré empiriquement pour accompagner
le mouvement de co-construction. Dès 2014, les « pionniers » ont créé un
réseau informel pour partager les pratiques et construire ensemble des outils
utiles à tous les territoires. La richesse de ce réseau est la diversité de
ses membres qui proviennent d’écosystèmes très complémentaires :
Collectivités territoriales, associations, entreprises, accompagnateurs,
institutions, acteurs académiques… Ils sont aujourd’hui plus de 350 sur
les territoires métropolitains et ultra-marins à souhaiter capitaliser les
pratiques innovantes. La Rencontre annuelle est l’occasion de mettre en partage
les avancées et les difficultés de l’ingénierie de co-construction
territoriale.
La
rencontre était organisée en conférence plénières et en ateliers de réflexion.
Nous allons rendre compte des propos tenus par les intervenants lors des
plénières puis donner les fruits des réflexions des 4 ateliers en ce qui
concerne la valorisation des dynamiques territoriales.
Les
conférences plénières :
Jacqueline
GOURAULT, Ministre de la Cohésion des territoires représentée par Hugo Bevort,
directeur des stratégies Territoriales, CGET
Discours : transition des
paradigmes politiques (de la DATAR, puis égalité des territoires (impasse),
puis cohésion), diversité des territoires, démarche sur mesure, construire avec
les acteurs, accent sur les métropoles mais tout le monde a une carte à jouer
(égalité des possibilités), développer des liens de solidarité et de la
connexion en plus des Infrastructures (insuffisantes en elle-même)
Bettina
LAVILLE, Présidente-Fondatrice du Comité 21
« Les
ODD permettent-ils une vision partagée mobilisatrice ? »
Présentation :
En
1995, Bettina LAVILLE a co-fondé le Comité 21, le 1er réseau
français multi-acteurs du développement durable, qu’elle préside actuellement.
Le Comité 21 a pour but de proposer une vision globale et opérationnelle des
enjeux de la transformation, en s’appuyant notamment sur l’Agenda 2030. Le 25
septembre prochain, elle va publier un guide sur l’appropriation des ODD par
les Collectivités locales.
Discours : clarifier les
notions d’intérêt général, d’intérêt communautaire, d’intérêt planétaire, de
bien commun via les ODD
Philippe
JAHSHAN, Président du Mouvement Associatif
« Quelle
est la force de l’engagement territorial ? »
Présentation : Depuis 2008, Le
Mouvement associatif s’est associé à l’Observatoire des partenariats pour
suivre le mouvement d’alliances entre les associations et les entreprises, et
plus globalement la dynamique de co-construction en France. Le dossier « JURIS Associations » n°595 « Intérêt
général : un concept en mutation » coordonné par Charles-Benoît
Heidsieck et publié le 15 mars 2019 sur « les mutations de l’intérêt général »
souligne le besoin de clarifier le rôle des acteurs sur l’intérêt général.
Discours : La démocratie
s’invite dans l’économie (Mauss et Polyani) via les associations qui créent du
service, de l’émancipation, de l’emploi, de l’émancipation, de l’initiative
grâce à la coopération avec le secteur public et les entreprises, des nouvelles
compétences (savoir-faire, savoir être, savoir interagir (Ingénierie de
l’interaction et co construction)), la sortie des silos sectoriels et par
acteur.
Hélène
VALADE, Présidente de l’ORSE (l’Observatoire de la responsabilité sociétale des
entreprises (Orse))
« La
RSE territoriale est-elle un mythe ou une réalité ? »
Présentation :
Hélène
VALADE est présidente de l’Orse, l’Observatoire de la Responsabilité Sociale
des Entreprises, qui accompagne les stratégies RSE dans les entreprises depuis
2000. Elle dispose d’une vision transversale élargie, à travers vos responsabilités
pour le groupe Suez, ainsi que de ses engagements au sein du C3D et de la
Plateforme RSE.
Discours : application de la
Loi pacte avec le changement de rôle de l’entreprise ; le privé se
rapproche du public pour coconstruire des actions
Jean-François
CARON, Maire de Loos-en-Gohelle
« Comment
les élus locaux appréhendent-ils les nouvelles méthodes de co-construction
territoriale ? »
Présentation :
Il
estmaire de Loos-en-Gohelle, ancienne cité minière transformée en ville
pionnière de la transition énergétique. La rénovation du dialogue auprès des
citoyens est emblématique. Il a également initié un « atelier des villes pairs
et des territoires-pilotes de transition » pour créer un référentiel partagé
pour les territoires en transition.
Discours : passage à nouveau
monde via l’imaginaire, la motivation, l’action, la conduite de changement
psychologique, le changement de posture, de manière d’être, une communauté
apprenante, la co-construction (nouvelle éducation populaire), l’empowerement,
le management de projet, la transition systémique
Gisèle
ROSSAT-MIGNOD, Directrice du réseau Banque des Territoires de la Caisse des
Dépôts
Présentation :
Gisèle
ROSSAT-MIGNOD est directrice du réseau Banque des Territoires de la Caisse des
Dépôts. Ce réseau souhaite soutenir et développer, par des investissements mais
aussi de l’accompagnement, les projets des territoires. Il a lancé 4 plans
majeurs à cet égard : un Grand plan d’investissements, un Plan logement, le
Programme action cœur de ville et les Territoires d’industrie.
Discours : lutter contre la
fracture territoriale, plus inclusif, plus connecté, plus attractif, plus
durable, plus efficace, plus proches des acteurs locaux, y compris petites
villes,
Amine
BELEMLIH, directeur-fondateur, Blue Storm, représentant de Tamkeen Li Tanmia
Présentation : Amine BELEMLIH estfondateur et directeur associé du cabinet Blue Storm, situé au Maroc. Au « Sommet des Deux Rives » de Marseille, son projet Tamkeen Li Tanmia (Capacitation pour le développement, en arabe), soutenu par l’AFD, représente le Maroc comme initiative emblématique de la société civile. Ce projet collectif illustre une dynamique inédite au Maroc de co-construction multi acteurs (public, privé, société civile) sur 2 axes. Il vise le développement de l’économie sociale et solidaire dans la province de Rhamna, autour de filières d’excellence dans les produits du terroir (adjacente à Marrakech) et l’innovation entrepreneuriale dans le domaine de l’Agritech, dans la région de Fès Meknès.
Résultats
de l’atelier sur la valorisation des dynamiques territoriales
40
personnes représentantes d’organisations : des chercheurs, des fondations
de grandes entreprises, structures para publiques, clusters, collectivités
territoriales
Ils
ont été divisés en 4 groupes parallèles pour 2 thématiques de réflexion :
l’évaluation
le matin
la
valorisation des dynamiques territoriales l’après-midi
Voici
les résultats des réflexions des 4 groupes :
Le
Groupe Bleu animé par Jean Maillet (UNADEF), Camille Henrion (doctorante
chargée de mission à Clus’Ter Jura) et Eric Marchadier (Le Catalyseur,
Directeur exécutif de la Fondation Catalyses à l’Université Paul Sabatier
Toulouse III) a fait les propositions suivantes :
Proposition
1 :
Financer les hommes et pas seulement les investissements
Inventer
des modèles économiques
Donner
de la valeur à la catalyse territoriale
Connaître
les apports de chacun
Inscrire
le financement dans la durée
Proposition
2 :
Se former à coopérer
Apprendre
à apprendre ensemble
Apprendre
à être inclusif, avoir une représentation de l’autre (vis ma vie)
Faire
des récifs collectifs, dimension narrative et réflexive
Proposition
3 :
Mise en valeur du positif dans les organisations
Chacun
doit trouver son compte
Comprendre
la variété des besoins et des maturités
Valoriser
les actions et les représentations
Définir
une variété d’évaluation pour être capable de les mettre en valeur
Le
Groupe rouge animé par Alexia Gazel (Chargée de projets d’innovation
publique chez Commissariat général à l’égalité des territoires – CGET),
Frédérique Marquet (Directrice adjointe innovation- expérimentation
territoriale à Paris Est Marne et Bois) et Xavier Roussinet (Directeur associé
chez Terre d’avance) a fait les propositions suivantes :
Proposition
1 :
Trouver des ambassadeurs pour inspirer
Des
champions charismatiques pour inspirer
Des
modèles pour montrer que c’est possible (témoignages de pairs)
Proposition
2 :
renforcer les moyens
Développement
des compétences marketing
Développer
l’outil numérique
Proposition
3 :
accélérer le plaidoyer vers :
Le
grand public
Institutions
Acteurs
économiques
Le
Groupe vert animé par Julien Loyer (DG de Bleu Blanc Zèbre), Christophe
Besson Léaud (président d’Alliance & Sens & Economie) et Diane Hassan
(fondatrice cabinet Accélér’actions) a fait les propositions suivantes :
Proposition
1 :
Co-former les acteurs ensemble / Développer des compétences collectives
Donner
l’espace pour que chacun explique sa posture dans un cadre défini (exemple
Trappes)
Vivre
ensemble une expérience de coconstruction (exemple des lieux vacants)
Cartographier
les expérimentations les compétences de chacun
Proposition
2 :
Co-construire avec / S’appuyer sur les réseaux présents sur « tous les
territoires »
Impliquer
au départ les acteurs les plus concernés
Identifier
les enjeux communs / aligner les intérêts
Cartographier
les acteurs et mettre à disposition la liste auprès des territoires
Proposition
3 :
Concrétiser, capitaliser et diffuser
Incarner
et structure dans la durée (gouvernance relative et partagée (SCIC),
élargissement des parties prenantes et transparence en continue) pour
capitaliser
Co-produire
des outils et contenus
Médiatiser
à tous les niveaux (local, national et international) en construisant son média
ou s’appuyant sur l’existant
Le
Groupe jaune animé par Bérengère Daviaud (Chargée de mission Emergence
et ESS chez Avise), Odile Salomon (Vice-Présidente de Pays d’Aix Associations
(PAA), porteur du projet « Envies d’Alliances »), Cécile Dublanche
(directrice de Villes au carré)
Proposition
1 :
Développer des voyages d’étude pour s’inspirer et se rassurer
RNMA :
exemple de rencontre nationale en Guyane
Réseau
européen des fondations, voyage dans un pays européen pour rencontrer des
fondations territoriales et communautaires
Proposition
2 :
organisation de partage d’informations et d’outils (rencontres, numérique…)
Cosoter
Carrefour
des innovation sociales
Développer
et financer des compétences numériques, communication
Plateforme
Wweeddoo / mur de partage de galères et de bonnes pratiques
Proposition
3 :
faire reconnaitre l’innovation sociale territoriale
Pays
d’Aix Associations : intégrer un comité opérationnel CL Attractivité de la
ville d’Aix
Approches
d’essaimage « intelligents » : Fabrique de l’innovation sociale
HUMANIS, Communauté émergente de l’Avise
Sont intervenus de nombreux acteurs du développement des alliances territoriales :
Florence
Raineix, Directeur Général de la Fédération Nationale des Caisses d’Epargne
Cosoter
(COhésion SOciale Territoriale) représenté par Cécile Dublanche (directrice)
le
Carrefour des innovations sociales
la
e-communauté développement local du CNFPT
Territoires
Conseils de la Caisse des Dépôts représenté par Sylvain Baudet (Chargé de
mission Développement économique)
l’Observatoire
des territoires du CGET
Plateforme
« l’innovation territoriale en actions »
KiMSO
FIDAREC
: Forum International pour la dynamique territoriale des Acteurs Responsables
et de l’Economie Circulaire
Révélateurs
de Richesses Immatérielles
Social
Value France
l’Avise
le
réseau Bleu Blanc Zèbre
l’UNADEL :
Union Nationale des Acteurs et Structures du Développement Local
Cluster
Jura
Le
Catalyseur
Alliance
Sens & Economie
Paris
Est Marne et Bois
Terre
d’avance
Acceler’actions
Convergences
Estelling
Envies
d’Alliances – Pays d’Aix Associations
Villes
au Carré
A
noter que j’ai été interviewé à cette occasion par l’équipe Territoires
audacieux (https://www.territoires-audacieux.fr/) à propos du
projet qu’il portait quand il a été recruté (les maisons du doctorat) et sur
les projets de Crois/Sens :
« 5ème Rencontre des pionniers des alliances en territoire » « Ensemble, valorisons les territoires ! » », Actes de la Rencontre du 26 juin 2019, co-constructionterritoriale.plateformecapitalisation.org, septembre 2019, https://co-constructionterritoriale.plateformecapitalisation.org/wp-content/uploads/2019/09/Synthese_5éme_Rencontre_Pionniers_2019_BAD.pdf
Dans
l’objectif d’améliorer la vie des chercheuses et chercheurs, un projet de tiers lieux qui leur est
destinéest en train de se mettre en place dans toute la France.
L’idée
est de créer un tiers lieux qui proposeraient des services
tels qu’un FabLab, des logements, des espaces de co-working, des événements
de médiation des sciences et des
cultures européennes… Il s’agit de créer
de la mixité, des rencontres, de l’entraide, de faire naître des collaborations
et de nouveaux projets à l’échelle locale, nationale, européenne ou
internationale.
Ce type
de lieux peut aider pour la socialisation des doctorant.e.s et docteur.e.s,
notamment les doctorant.e.s et docteur.e.s en échanges européens
et internationaux.
L’objectif
est donc de créer un tel lieu à Lyon en complément des institutions déjà
existantes.
Nous
faisons partie des personnes qui travaillent à la mise en place de ce projet et
nous souhaitons organiser un atelier pour identifier au mieux les besoins/idées
des doctorant.e.s et jeunes docteur.e.s pour co-construire ce lieu.
Nous
avons déjà bon nombre d’idées concernant les services que nous pourrions
proposer. Toutefois, par cet atelier, nous souhaiterions évaluer la pertinence
de ces dernières et en trouver de nouvelles peut-être plus adaptées à vos
besoins et envies.
Vous
souhaitez partager vos idées ou simplement en apprendre plus sur ce projet,
alors joignez-vous à nous dans cet atelier apéro-déjeunatoire
brainstorming
Date : 11 juin 2019
Horaire : 11h00 – 13h00 pour l’atelier et 13h00-14h00 pour l’apéro-déjeunatoire.
Les troisièmes Rencontres nationales de la participation ont eu lieu à Grenoble les 11, 12 et 13 mars 2019.
Atelier Interpellation et référendum d’initiative citoyenne : expérimentations locales et perspectives » Organisé par la ville de Grenoble et l’Observatoire international de la démocratie participative
Ces journées auxquelles 850 participants, 130 intervenants,
30 structures contributrices se sont croisées ont été l’occasion de revenir sur
les enjeux bien actuels de la participation citoyenne. Elus, chercheurs,
associations citoyennes, membres d’institution publiques, agences de
concertations, … : tous se sont interrogés sur les modalités d’un
« renouveau de la démocratie locale ». Différents formats (ateliers,
conférences, jeux de rôle, forums ouverts, forum des initiatives citoyennes,
visite de terrain, soirée de mise en réseau, Tribunal pour les générations
futures) permettaient l’émulation et l’échange des savoirs et savoir-faire
entre ces différents praticiens de la démocratie locale.
Introduites par le maire de la Ville, Eric Piolle, ces
journées ne se déroulaient pas à Grenoble par hasard a-t-il tenu à
souligner : en effet, cette ville gouvernée pendant presque 20 ans par
Hubert Dubedout fut l’une des premières à mettre en place les Groupes d’Action
Municipal qui interrogeaient déjà la structure traditionnelle des partis
politiques. Aujourd’hui, Grenoble en est à son 5ème budget
participatif et a mis en place dès 2016 une forme de Referendum d’Initiative
Citoyenne.
Cette édition cette année a été fortement marquée par les évènements
actuels (mouvement des Gilets Jaunes et Grand Débat National) sur lesquels la
majorité des participants sont revenus dans leur intervention. La première
table ronde portait ainsi sur l’organisation, le déroulement et surtout la
portée attendue et souhaitable de ce Grand Débat National (GDN) pour répondre à
ce mouvement sociale et plus largement à la demande grandissante d’inclusion
citoyenne dans les processus de délibération démocratiques. Laurence Monnoyer-Smith, Commissaire Générale
au Développement Durable, s’est dit abasourdie par le fossé entre le ressenti
de la population et les ambitions affichées des responsables politiques. Ce
décalage doit nous alerter car il reflète un manque de compréhension de l’état
de détresse d’une partie de la population par le gouvernement qui ne se saisi
pas ces enjeux. Chantal Jouano, présidente
de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), est revenue ensuite sur les
raisons qui ont poussées la CNDP à se retirer de l’organisation du GDN car les garanties
de confiance n’étaient pas réunies pour garantir les conditions de
transparence, d’indépendance et de neutralité du débat. Mathieu Orphelin, Vice-Président de Décider Ensemble et député du Maine-et-Loire,
a rapporté par la suite son expérience personnelle des Réunions d’Initiatives
Locales auxquelles il a assisté, insistant sur le sérieux des participants dans
la démarche. Cela engage de ce fait le Gouvernement à donner des réponses à la
hauteur de cet engagement. Enfin, Cédric
Szabo, directeur de l’association des maires ruraux, insiste sur le besoin
de considération des citoyens des communes rurales qui ont massivement
participé via les cahiers citoyens mis à disposition dans les mairies. Ils
attendent ainsi de grandes décisions suite à ces propositions sinon des questions
structurelles sur le rôle des élus et de la démocratie se poseront.
Focus sur
les Referendums d’Initiatives Citoyennes (RIC), atelier Organisé par la ville
de Grenoble et l’Observatoire international de la démocratie participatives
Julien Talpin,
chercheur au CERAPS à Lille constate les limites et les difficultés des
dispositifs institutionnels et s’est intéressé aux formes d’interpellation
citoyenne. Pour lui, les deux sont complémentaires et nécessaires pour «
démocratiser les institutions » tout en permettant l’équipement de corps intermédiaires
qui soient capables de s’imposer pour répondre aux crises démocratiques. Ainsi
le RIC n’est pas une solution miracle, mais il peut contribuer et doit
s’inscrire dans une démocratisation profonde des institutions. L’expérience du Community Organizing en Californie, qui
a eu très souvent recourt au RIC, a montré des formes spontanées d’auto-organisation
de la société civile et s’est souvent traduit par du progrès social (par exemple :
une pression fiscale sur les plus fortunés à Los Angeles pour financer les services
de santé public). Le RIC peut ainsi avoir un effet de justice sociale il est
neutre politiquement : ni progressiste ni conservateur, en général il ne
fait qu’enregistrer des rapports de force. Le plus intéressant dans le RIC
serait donc dans le débat ou la campagne qui le précède qui permettrait
l’expression de tous sur un sujet précis, plus que dans le résultat en
lui-même.
L’exemple du Dispositif
référendaire mis en place en 2016 par la Ville de Grenoble est intéressant car il s’agissait d’un vrai
engagement pour la démocratie locale du candidat Piolle, qui a été depuis
annulé et retoqué par le tribunal administratif. 26 pétitions ont été déposées
en mairie entre 2016 et 2018, dont 16 pétitions ont été refusées car elles ne
correspondaient pas compétences municipales, et sur les 10 pétitions éligibles
restantes, 3 ont atteint le quorum nécessaire (2000 signatures). Les sujets
soumis au vote des Grenoblois portait sur la modification du tarif de
stationnement résident et les bibliothèques (le dernier n’ayant pu être
organisé à cause de la décision du Tribunal).
En résumé, le RIC pose la question de la volonté politique des
élus car il implique un partage de leur pouvoir et contraint leur marge de
manœuvre décisionnaire malgré leur mandat initial. Ce dispositif participatif
impose donc de repenser le rôle des élus et l’organigramme démocratique, sans
être une réponse miracle
telier « Jeu de rôle dans le débat public : succès et limites » organisé par l’Office de consultation publique de Montréal
Toutes ces réflexions -et pas seulement celles sur le RIC – rejoignent les propositions de Crois Sens, notamment sur l’urgence de réinventer des dispositifs participatifs qui soient réellement bottom-up. La sur-institutionnalisation de la participation semble aboutir à l’inverse de l’effet escompté : le retrait des citoyens des processus délibératifs et la montée des mécontentements sociaux. En ce sens, Crois Sens réfléchit depuis quelques années à de nouvelles méthodes de mobilisations citoyennes que nous vous invitons à découvrir sur l’ensemble du site internet. Et ces journées de la participation seront peut-être l’occasion pour Crois/Sens de présenter son expérience l’an prochain !