« Une méthodologie efficace et des outils clés » : formation EBV épisode 3 par Elodie Prouvost Dusart
A l’occasion du lancement de la 2ème saison de la
formation « Entrepreneurs.euses du bien-vivre », nous avons souhaité
réaliser une vidéo de présentation de ce nouveau métier et de la formation pour
développer les compétences nécessaires.
Nous avons donc interrogé ceux qui ont mis en place cette
formation et ceux, ou plutôt celles qui ont suivi cette formation pour leur
demander ce qu’ils en pensent :
Episode 1 : « Pourquoi avoir voulu faire cette
formation ? » C’est Aurélie Legrand, Entrepreneuse du bien-vivre à
Mirecourt, qui a répondu à cette question.
Episode 2 : « Pourquoi avoir voulu créer une formation
EBV ? » C’est Marc Desforges, Président de Crois/sens,
Episode 3 : « En quoi consiste la formation EBV ? »
C’est Elodie Prouvost Dusart, Entrepreneuse du bien-vivre à Lille, qui a
répondu à cette question.
Episode 4 : « Comment avez-vous mis en œuvre la
formation EBV ? » C’est Jean-Yves Besombes, Associé de Crois/sens et
Président de PRAGMA-TIC, qui a répondu à cette question.
Episode 5 : « Que vous a apporté cette formation EBV ? »
C’est Virginie Desforges, Entrepreneuse du bien-vivre à Mirecourt, qui a
répondu à cette question.
Episode 6 : « Quelles sont les missions d’un.e EBV,
concrètement ? » C’est Sandrine Tobie, Entrepreneuse du bien-vivre à Lyon, qui a répondu à cette question.
Voici
donc une présentation
de la formation par Elodie Prouvost Dusart, Entrepreneuse du bien-vivre à
Lille :
La formation d’Entrepreneur du bien-vivre nous donne
une méthodologie efficace et des outils
clés en main pour apprendre à travailler à deux échelles :
à l’échelle des habitants et de leur qualité
de vie,
l’échelle du territoire et de sa dynamique.
Donc on apprend à connaitre et comprendre ce
territoire ciblé. On identifie aussi ses acteurs, qu’ils soient privés ou
publics :
les institutions,
les entreprises,
les élus,
les citoyens… toute partie prenante de ce territoire !
On apprend aussi à identifier les problématiques du territoire pour qu’il corresponde
mieux aux attentes des habitants.
« La demande citoyenne forte, fédératrice et mobilisatrice : formation EBV épisode 2 par Marc Desforges »
A l’occasion du lancement de la 2ème saison de la
formation « Entrepreneurs.euses du bien-vivre », nous avons souhaité
réaliser une vidéo de présentation de ce nouveau métier et de la formation pour
développer les compétences nécessaires.
Nous avons donc interrogé ceux qui ont mis en place cette
formation et ceux, ou plutôt celles qui ont suivi cette formation pour leur
demander ce qu’ils en pensent :
Episode 1 : « Pourquoi avoir voulu faire cette
formation ? » C’est Aurélie Legrand, Entrepreneuse du bien-vivre à
Mirecourt, qui a répondu à cette question.
Episode 2 : « Pourquoi avoir voulu créer une formation
EBV ? » C’est Marc Desforges, Président de Crois/sens,
Episode 3 : « En quoi consiste la formation EBV ? »
C’est Elodie Prouvost Dusart, Entrepreneuse du bien-vivre à Lille, qui a
répondu à cette question.
Episode 4 : « Comment avez-vous mis en œuvre la
formation EBV ? » C’est Jean-Yves Besombes, Associé de Crois/sens et
Président de PRAGMA-TIC, qui a répondu à cette question.
Episode 5 : « Que vous a apporté cette formation EBV ? »
C’est Virginie Desforges, Entrepreneuse du bien-vivre à Mirecourt, qui a
répondu à cette question.
Episode 6 : « Quelles sont les missions d’un.e EBV,
concrètement ? » C’est Sandrine Tobie, Entrepreneuse du bien-vivre à Lyon, qui a répondu à cette question.
Voici
donc pourquoi Marc Desforges, Président de Crois/sens, a voulu créer cette
formation :
Le « Bien-Vivre Maintenant » est la demande citoyenne forte, fédératrice et mobilisatrice que nous
rencontrons dans tous les territoires.
Ce « Bien-Vivre
Maintenant » est unbesoin. Nous
aidons certaines entreprises en amorçage à adresser en mobilisant de forts moyens solidaires.
Par ailleurs, l’expérience nous a montré que l’entreprenariat du
bien-vivre était un vrai métier :
Savoir mobiliser des
citoyens dans tous les territoires
Savoir leur faire exprimer
concrètement leurs besoins
Essayer de vérifier comment adresser par des politiques innovantes, par des
activités innovantes, ce besoin citoyen concret
« Redonner du sens à ma carrière » : formation EBV épisode 1 par Aurélie Legrand
A l’occasion du lancement de la 2ème saison de la formation « Entrepreneurs.euses du bien-vivre », nous avons souhaité réaliser une vidéo de présentation de ce nouveau métier et de la formation pour développer les compétences nécessaires.
Nous avons donc interrogé ceux qui ont mis en place cette formation et ceux, ou plutôt celles qui ont suivi cette formation pour leur demander ce qu’ils en pensent :
Episode 1 : « Pourquoi avoir voulu faire cette formation ? » C’est Aurélie Legrand, Entrepreneuse du bien-vivre à Mirecourt, qui a répondu à cette question.
Episode 2 : « Pourquoi avoir voulu créer une formation EBV ? » C’est Marc Desforges, Président de Crois/sens,
Episode 3 : « En quoi consiste la formation EBV ? » C’est Elodie Prouvost Dusart, Entrepreneuse du bien-vivre à Lille, qui a répondu à cette question.
Episode 4 : « Comment avez-vous mis en œuvre la formation EBV ? » C’est Jean-Yves Besombes, Associé de Crois/sens et Président de PRAGMA-TIC, qui a répondu à cette question.
Episode 5 : « Que vous a apporté cette formation EBV ? » C’est Virginie Desforges, Entrepreneuse du bien-vivre à Mirecourt, qui a répondu à cette question.
Episode 6 : « Quelles sont les missions d’un.e EBV, concrètement ? » C’est Sandrine Tobie, Entrepreneuse du bien-vivre à Lyon, qui a répondu à cette question.
Voici donc pourquoi Aurélie Legrand, Entrepreneuse du bien-vivre à Mirecourt, a voulu faire cette formation :
Alors j’ai voulu faire cette formation d’entrepreneuse du bien-vivre parce qu’après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur agronome et avoir travaillé pendant plusieurs années dans des entreprises d’agro-alimentaire et dans un mouvement de producteurs, j’ai voulu :
redonner du sens à ma carrière,
me sentir utile
être au contact des citoyens
pour leur permettre de leur donner du pouvoir d’agir
et au final d’avoir vraiment le sentiment de changer la société.
Tout le monde connaît la « Smart city ». Un peu moins la « Smart région » ! Celle de l’Ile-de-France, vise à améliorer le bien-être des citoyens, promouvoir des usages durables, une meilleure inclusion des citoyens… via la « Smart plateforme 2030 » (concentrateur de données, double numérique 3D de la Région, services).
Mais attention, pas de « Smart région » sans Smart citizens !
Rappel :
Les Smart Citizens sont, pour nous, des citoyens (quel que soit leur métier, leur âge…) qui se rencontrent, échangent, lancent des projets… dans la cité pour améliorer le « Bien-Vivre Maintenant ». Nous travaillons sur la question à la Métropole de Lille, Mirecourt, Epinal…
C’est d’autant plus important que l’Ile-de-France souhaite candidater à l’appel à manifestation d’intérêts « Territoires d’innovation de grande ambition (TIGA) » en se spécialisant sur le bâtiment ! D’où une politique d’investissement dans les tiers-lieux (230 dont 150 espaces de coworking dans les gares) et un « Mardis de la Smart Région » consacré à l’objectif de « construire et habiter le futur » le 4 décembre.
Or, selon nous, il n’y a pas non plus de bâtiment sans Smart Citizens ! D’où le nom de CitéoSquare (le lieu des citoyens) que nous allons aider à créer dans les tours nuage à La Défense Nanterre et bien d’autres lieux !
Dans sa méthodologie pour aborder et modifier le territoire, Crois-sens part du point de vue que nous avons tous besoin de débattre d’un projet territorial pour pouvoir éventuellement s’y investir et pour qu’il devienne un projet citoyen et participatif. Il s’agit de la phase que nous appelons « Inform’action ». Nous parlons d’ « Inform’action » car il s’agit d’informer et réfléchir pour mieux passer à l’action car informer fait déjà partie de l’action ! Concrètement, il s’agit de réunir différentes personnes éventuellement intéressées par un projet et voir comment elles réagissent aux premières idées, comment elles se les approprient et comment elles en proposent d’autres.
Nous considérons que trop d’événements sont organisés de façon verticale. On dit « top/down » en bon français ! Ils proviennent de la volonté d’un ministère, d’une collectivité territoriale, d’une grande ou moyenne entreprise, d’une association… sans forcément prendre en compte les projets que souhaitent développer les acteurs.rices locaux.les.
Pour expérimenter ce qu’on appelle (toujours en bon français !) le « bottom/up » (« Inform’action ») nous avons accompagné un Festival dans la ville de Mirecourt dans les Vosges (voir le compte-rendu d’Agathe Brenguier intitulé « Le Festival Utopic & Co 2018 célèbre sur le bien-vivre sur le territoire de Mirecourt(-Dompaire) et ses alentours » ci-dessous) grâce à nos entrepreneuses du Bien-Vivre (un nouveau métier que Marc Desforges a présenté dans la tribune « Qui est l’entrepreneur du Bien-Vivre? » (ci-dessous). Celles-ci ont eu un rôle moteur en pilotant le projet global mais en essayant surtout de s’appuyer sur toutes les compétences des habitant.e.s motivé.e.s pour changer leur ville et lancer de nouveaux projets en tant que bénévoles, entrepreneurs.ses ou salarié.e.s. Les entrepreneuses du Bien-Vivre ont pu s’appuyer sur les membres de la SCIC (société coopérative d’intérêt commun dont Crois-sens fait partie) : le café « L’UtopiC », l’association « La Bouée » et « La vie ensemble », la mairie de Mirecourt, Gille Caretti (directeur de l’Institut de Beau Joly) et tous les citoyens de la ville de Mirecourt.
C’est lors de rencontres et de débats que des liens se sont formés en vue de préparer le festival. Camille Morel a relaté ces trois débats dans un articles intitulé « Des réunions publiques pour préparer le festival Utopic & Co » ci-dessous.
En plus des débats Inform’action avant et pendant le festival, il y a eu débat-bilan le lundi 5 novembre 2018. Celui-ci permet de faire le tour de l’événement, de voir les atouts et les critiques et de s’améliorer pour une prochaine fois.
Voici un article portant notamment sur l’approche des capabilités de dr Amartya Sen.
Certain.e.s ne connaissent pas encore tous les apports des travaux du Prix Nobel Dr Amartya Kumar Sen. Il a changé notre manière de penser le « développement » des sociétés. Celui-ci ne peut plus aujourd’hui se limiter à sa dimension économique (la croissance, le chiffre d’affaire, le PIB, le PNB) ou technique.
C’est ce que Crois/Sens expérimente à Mirecourt (lire ici), Lille (lire ici), Nanterre (lire ici).
Avec Dr Martha Nussbaum, Dr Elinor Ostrom, Dr Cécile Renouard, Dr Patrick Viveret, Dr Eloi Laurent, Dr Gaël Giraud, Dr David Courpasson, Dr Michael Porter,Dr Philippe d’Iribarne…, Dr Amartya Kumar Sen fait partie des chercheurs.euses qui inspirent particulièrement Crois/Sens.
Objets d’étude
Prix Nobel en 1988 pour ses travaux sur l’économie du bien-être, Amartya Sen est un économiste né en Inde en 1933. Du début des années 1970 au milieu des années 1980, il se concentre sur les questions de pauvreté, d’inégalités et développe une théorie du choix social. Du milieu des années 1980 à nos jours, il intègre à son analyse les problématiques de justice et de morale et étudie des situations réelles d’inégalité dans les pays en développement. A la croisée de l’économie et de la philosophie, il construit son analyse autour des concepts de « capabilité » et de « fonctionnement ». Il se démarque des théories usuelles, notamment utilitaristes, en donnant une grande place aux considérations éthiques. Amartya Sen est considéré comme l’un des plus grands contributeurs à la théorie du développement humain. Son ouvrage de référence en la matière est Development and Freedom publié en 1999. Ses travaux ont aussi eu une résonnance particulière auprès des décideurs politiques et ont amplement participé à placer sur le devant de la scène les problématiques de développement humain. Avec l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq, il a coécrit le premier Rapport sur le Développement Humain des Nations Unies en 1990 ; il a par la suite contribué à l’élaboration d’indicateurs de développement humain.
Principes développés : se recentrer sur les capabilités des individus
2.1 Le rejet de l’utilité comme critère de bien-être
Amartya Sen souhaite refondernos critères d’évaluation du bien-être individuel et collectif. Largement dominant dans la science économique, le critère d’utilité prend en compte l’ensemble des plaisirs ou peines qu’une personne retire d’une situation. Elle est souvent réduite aux gains matériels et entendue à la seule échelle individuelle. Pour Amartya Sen, la notion d’utilité ne permet pas de prendre en compte toute une série de facteurs éthiques, moraux, immatériels pourtant essentiels comme la justice sociale, le dévouement au service des démunis ou la création artistique. Il est aussi important de prendre en compte l’origine des utilités : toute satisfaction de ses préférences n’est pas forcément bonne en soi, par exemple lorsqu’elle ne respecte pas les principes moraux (champ oublié du « welfarisme »).
2.2 La « capabilité » et les « fonctionnements » comme nouveaux critères d’évaluation du bien-être
L’auteur propose, comme alternative à l’utilité, « l’approche par les capabilités ». C’est une traduction libre du terme anglais « capability » qui est aussi traduit par « capacité ». Il s’agit d’évaluer les caractéristiques d’une personne et de son bien-être par ses « fonctionnements » mais aussi par ses « capabilités ».
Les « fonctionnements » font référence à ce qu’est ou ce que fait la personne.
Les « capabilités » renvoient, elles, à ce que la personne peut faire ou peut être, à la liberté qu’elle a de choisir l’un de ces fonctionnements pour mener le mode de vie qu’elle désire.
Voici comment il distingue les deux termes dans The Standard of Living :
« Un fonctionnement est une réalisation tandis qu’une capabilité est une aptitude à la réalisation. Un fonctionnement est, en ce sens, plus directement lié aux conditions de vie dans la mesure où il constitue différents aspects des conditions de vie. Les capabilités, au contraire, sont des notions de liberté, dans le sens positif : de quelles opportunités réelles disposez-vous au regard de la vie que vous pouvez mener » (Sen, 1987, p36)
Avec le critère de capabilité, le bien-être est alors défini comme la qualité d’existence d’une personne, comprenant la satisfaction propre à ses conditions de vie et les opportunités qui lui sont offertes. Il prend donc en compte les caractéristiques de la société dans laquelle vit l’individu, telles que les institutions, les normes sociales et les biens publics. Son approche invite à dépasser le cadre strictement économique pour avoir une vision plus globale et éthique des faits économiques et en particulier du développement.
2.3 L’application à l’économie du développement
Le positionnement de l’économie du développement
Dans Development as Freedom (1999), Amartya Sen explique le développement est « un processus d’expansion des libertés réelles dont jouissent les individus ». A l’instar de la théorie du capital humain, il invite à dépasser la vision du développement uniquement envisagé sous le joug de la croissance du progrès technique dans laquelle les individus ne sont que des facteurs de production. Il est indispensable de prendre en compte le champ des compétences et des connaissances (i.e. le capital humain), et leurs externalités positives, pour comprendre les dynamiques de développement. Les investissements dans le secteur de la santé, de l’éducation et de la formation sont donc primordiaux.
Avec l’économie du développement, Amartya Sen souhaite aller plus loin que les théories du capital humain. Selon lui, il ne suffit pas de considérer le montant des investissements en termes d’éducation ou de santé, il faut observer en quoi cela affecte les réalisations des individus et les autres facteurs qui jouent sur ces dernières. Il faut donc orienter l’analyse sur les capabilités : est-ce que les individus sont véritablement en mesure de réaliser leur projet, de mettre en œuvre leurs compétences. C’est ce que Sen appelle « the need for empowering people ».
L’étude du développement devient alors multidimensionnelle :
– la santé
– l’éducation,
– la justice sociale,
– l’égalité entre les sexes,
– l’écologie.
Amartya Sen montre que le développement de l’individu et de la nation n’est favorisé que dans un environnement qui promeut l’égalité des chances, l’initiative individuelle et la créativité (cf. Tableau 1).
Théorie de la croissance
Théorie du capital humain
Théorie du développement humain
Rôle des individus
Facteur de production
Facteur de production et de développement (compétences, connaissance)
Richesse réelle de la nation
Objectifs
Améliorer de la condition de vie (PIB)
Augmenter la productivité et soutenabilité de la croissance économique grâce à la production de connaissances et à l’éducation.
Créer un environnement dans lequel les individus peuvent développer leur potentiel et leur créativité en fonction de leurs propres intérêts et besoins.
Tableau 1 : Comparaison des approches théoriques du développement extraites de Osmankovic et al. (2011)
Les instruments de développement
Dans sa théorie du développement, la liberté des individus est envisagée sous un double visage :
– un objectif à atteindre (rôle constitutif),
– un moyen (rôle instrumental) sur lequel on peut jouer pour générer davantage de développement.
La liberté entendue dans son rôle constitutif évoque les capabilités élémentaires :
– les moyens de subsistance,
– l’alphabétisation,
– la libre expression.
C’est la finalité du développement humain. Le rôle instrumental des libertés « concerne la manière dont une grande variété de droits, de possibilités et d’acquis contribuent à l’expansionde la liberté humaine en général et, par conséquent, à la promotion du développement » (Sen, 2000, p47). Amartya Sen met en avant cinq libertés instrumentales, véritables leviers du développement qui agissent en interaction :
Les libertés politiques : qui permettent la bonne marche du gouvernement par le peuple (démocratie, droit de vote, libre expression politique) ;
Les facilités économiques : la liberté donnée aux individus d’utiliser les ressources économiques à des fins de consommation, de production et d’usage. Elle comprend aussi l’accès au financement ;
Les opportunités sociales : les mesures en vue d’améliorer les conditions de subsistance (santé, éducation), qui favorisent aussi la participation politique et économique ;
Les garanties de transparence : la confiance, la lutte contre la corruption et la fraude financière et économique ;
La sécurité protectrice : les dispositifs étatiques en termes de justice sociale (protection sociale, allocations, fonds de secours).
Apports et critiques
L’approche par les capabilités de dr Amartya Sen offre un cadre novateur et pertinent pour étudier ce qui touche au développement, à l’innovation et aux inégalités. En 2004, l’association HDCA (Human Develoment and Capability Association) est créée par plusieurs chercheurs intéressés par la mise en pratique de cette approche. Cela met en lumière l’aspect porteur des capabilités en termes de politiques publiques. Par exemple, Anna-Maria Hoffman montre dans son article « The Capability approach and educational policies and strategies : Effective life skills education for sustainable development » (in Valérie Rebout, 2008) que l’approche des capabilités de dr Amartya Sen est très pertinente en matière de politiques éducatives :
– apprendre à connaître,
– apprendre à être,
– apprendre à vivre ensemble,
– apprendre à entreprendre.
Un moyen de repenser les politiques de développement : une application du concept de capabilité : dans une longue étude sur la théorie d’Amartya Sen et ses applications en termes de développement, Valérie Reboud (2008) cite le programme de relance de la filière cotonnière afghane, mis en place par l’Agence Française de Développement en 2004, comme exemple de politique qui promeut les conditions réelles de la liberté positive. En Afghanistan, les cultivateurs préféreraient avoir le choix de produire du coton plutôt que du pavot (condamné par leur religion et facteur d’instabilité). Dans la situation actuelle de conflit et de forte de pauvreté, la culture du pavot s’est développée dans le Nord et le Nord-Est du pays car elle assure des revenus supérieurs aux cultivateurs. Plutôt que de lutter contre la production de stupéfiants par la contrainte (destruction des plantations), le programme s’est justement attaché à opérer sur les choix des cultivateurs en offrant une alternative réelle à la culture du pavot. Une filière intégrée a été mise en place pour donner aux habitants les moyens effectifs de pratiquer une autre production et de relancer la culture cotonnière :
– « sécuriser l’approvisionnement des producteurs, l’accès au crédit et la commercialisation de leur production ;
– assurer un conseil technique pour améliorer la productivité des cultures de coton et de blé cultivées en assolement ;
– collecter et transformer le coton en fibres et en huile et commercialiser ces produits ».
L’approche des capabilités de dr Amartya Sen s’impose par sa richesse tant au niveau des sujets traités que des angles de recherche adoptés. Les critiques qui lui ont été adressées sont toutes aussi diverses et peuvent porter selon les cas sur la dimension économique, philosophique ou empirique de ses travaux. Nous nous limiterons ici aux reproches faits à l’auteur présentés par Valérie Reboud (2008) sur les difficultés d’application de son approche par les capabilités :
– La difficile évaluation des libertés : pouvoir distinguer entre ce qu’une personne fait et ce qu’elle peut faire nécessite de pouvoir raisonner par contrefactuel. Or, l’observation du champ des possibles d’un individu s’avère délicate voire impossible. C’est pourquoi, en pratique, les études sur le développement préfèrent se cantonner à évaluer la qualité de vie à travers les fonctionnements et non les capabilités.
– L’approche individualiste : la notion de capabilité est exclusivement individuelle, même si elle prend en compte certaines caractéristiques de la société. Avec ce concept, Amartya Sen néglige la notion de groupe et la structure sociale. Les phénomènes collectifs (syndicalisation, forces des relations sociales et réseaux, …) mériteraient d’être inclus dans l’analyse.
– Une vision trop statique : des chercheurs du Centre d’économie et d’éthique pour l’environnement et le développement (C3ED) reprochent l’aspect trop statique des capabilités. Leurs travaux visent à introduire une optique dynamique en insistant sur la soutenabilité du développement.
Conclusion :
Pour faire face aux deux dernières critiques, Crois-sens essaye de travailler sur des projets collectifs (festival, légumerie…) et avec des outils collectifs (la société coopérative SCIC) ce qui crée des dynamiques.
En ce qui concerne la critique sur l’évaluation, nous prenons aussi en compte les recherches plus récentes des chercheurs.ses comme Cécile Renouard, Cécile Ezvan, Hélène Lhuillier…, qui insistent d’ailleurs sur la dimension collective, en utilisant l’« Indice de Capacité Relationnelle » (ICR) (2018). Il s’agit d’évaluer les projets à différents moments de leur réalisation.
Références ;
5.1 Références pour mieux comprendre les capabilités de dr Amartya Sen :
HOFFMAN Anna-Maria, « The Capability approach and educational policies and strategies : Effective life skills education for sustainable development », in Valérie Rebout (sous la direction de), Amartya Sen : un économiste du développement ?, Agence Française de Développement, Paris, 2008.
OSMANKOVIC Jasmina, JAHIC Hatidza et SEHIC Ensar, « Education in Economic Theory », Journal of Economics and Business, vol. IX, 2011.
REBOUD Valérie (sous la direction de), Amartya Sen : un économiste du développement ?, Agence Française de Développement, Paris, 2008.
SEN Amartya, « The Standard of Living Lecture II : Lives and Capabilities », in Geoffrey Hawthorn (sous la direction de), The Standard of Living, Cambridge University Press, 1987.
SEN Amartya, Un nouveau modèle économique : développement, justice et liberté, Odile Jacob, 2000 (Development as Freedom, Oxford University Press, New York, 1999).
RENOUARD Cécile, EZVAN Cécile & LHUILLIER Hélène, « Measuring relational capabilities: a relational view of the firm », in A Relational Approach to Stakeholder Engagement: A research anthology. Edited by A. Lindgreen, F. Maon, J. Vanhamme, B. Palacios Florencio, C. Strong, and C. Vallaster, Ashgate, 2018, forthcoming.