Vendredi 5 juin dernier, nous avons organisé à Mirecourt le premier atelier de notre formation-action « Accélérer les transitions dans les territoires ». Parmi les participants, on retrouvait : un nouvel élu et un membre de la collectivité, des représentants associatifs locaux, le directeur d’une entreprise d’insertion, … L’animation était assurée par le trio composé par Aurélie, notre Entrepreneure du Bien-Vivre locale et heureuse de retrouver son terrain d’action, Marc, en tant qu’animateur mais également acteur du territoire, et Camille, chercheuse-(désormais)formatrice, heureuse de traduire en actes concrets ses résultats de recherche et de les partager surtout !
Cet atelier qui portait sur « Le sens avant l’action » a été l’occasion de partager collectivement nos définitions du bien-vivre pour amorcer une représentation partagée du bien-vivre à Mirecourt. Ensuite, nous sommes revenus sur la manière dont émerge un débat public, pourquoi cela peut faire émerger du conflit et comment considérer cela comme un moteur de l’action collective. Cela a été l’occasion de présenter l’outil qu’est la controverse territoriale. L’après-midi a été dédié à un travail de « discernement » inspiré du questionnaire de Bruno Latour qui a permis à chacun d’identifier des menaces et des pistes d’action pour y répondre. Les retours positifs et la prise de décision unanime de revenir pour le prochain atelier se sont également traduits par l’idée de diffuser les questionnaires à plus large échelle, notamment au café UtopiC.
A NANTERRE/LA DEFENSE, opération gagnée depuis plus d’une année avec Cogedim pour les Tours Aillaud (ou « Tours nuages ») : la première tranche n’attend plus que la réunion des autorités compétentes (conseils municipaux et conseil d’administration). Le financement de notre modèle de co-développement est prévu pour la fin de cette année.
10 partenaires « tiers de confiance » vont suivre, à partir du 5 juin, un cycle de 6 journées de formation en 2 modules : mieux comprendre les enjeux de notre méthode le matin ; bâtir leur projet de « territoire de vie » tous les après midis (A suivre sur les réseaux sociaux). Cette formation-action expérimentée à Mirecourt a vocation à être ensuite organisée dans d’autres territoires.
La plateforme Bien-Vivre Maintenant revient en ces temps de confinement pour contribuer à l’organisation d’un nouveau défi local et citoyen. En effet, les initiatives de solidarité et d’échanges fleurissent dans les territoires durant cette pandémie et nombreux (ref) sont ceux qui invitent à les soutenir. Les réseaux sociaux numériques (Facebook, Whatsapp, Twitter et autres) trouvent alors toute leur utilité pour les faire connaître et relayer ce type d’informations. De nouvelles plateformes naissent en ce moment pour permettre plus concrètement l’organisation de gestes d’entraides envers les plus démunis[1] ou pour recenser les propositions pour le « monde d’après » [2]
A Crois/Sens, nous avions déjà imaginé et conçu depuis 2016 le site Bien-Vivre Maintenant (intitulé au départ Défis Citoyens) pour permettre l’animation et la coordination de « défis » lancés entre habitants et acteurs d’un même territoire. Plusieurs défis ont déjà été lancés, certains se sont conclus sur de belles réussites (le lancement du café Utopic et l’organisation du Festival Utopic & Co à Mirecourt par exemple), d’autres sont encore en cours. Avec un découpage en trois phases (inform’action/ cré’action/ activ’action ), chaque défi illustre le protocole Crois/Sens et donne une démonstration de son application sur le terrain.
Aujourd’hui, différents acteurs de Mirecourt (dont la SCIC Citeomix) se mobilisent pour faire vivre leur projet qu’ils avaient pensé pour être participatif, et ce malgré la distanciation physique qui nous oblige en ce moment. Ils proposent ainsi à chacun d’entre nous de commencer à semer à la maison des graines qui une fois germées et le « rapprochement social » possible pourront être plantées ensemble dans un jardin permaculturel mis à disposition par un acteur local. Des conseils, tutos vidéos, photos et autres trucs et astuces pourront être échangés sur la plateforme en attendant de pouvoir les mettre en terre.
Sinaï Agnès, « Chapitre 7 – Pour un aménagement permaculturel des territoires », dans : Agnès Sinaï éd., Gouverner la décroissance. Politiques de l’Anthropocène III. Paris, Presses de Sciences Po, « Nouveaux Débats », 2017, p. 159-178. URL : https://www.cairn.info/gouverner-la-decroissance–9782724619850-page-159.htm
Nous commencerons les billets en partageant, factuellement, les expériences innovantes (majeures) autour de ce qui anime Marc depuis 25 ans : la mobilisation des différents acteurs du territoire autour de projets de développement porteurs de sens localement. Ensuite, à partir de ces expériences de terrains -passées et actuelles – nous tenterons de prendre de la hauteur ensemble. Enfin, nous inviterons des chercheurs ou des spécialistes de chacun des sujets abordés à réagir.
Notre objectif, par ce double apport, est de vous faire (ré)agir pour stimuler nos projets et, peut-être, votre propre réflexion ? En effet, beaucoup d’entre nous se trouvent en ce moment avec d’avantage de disponibilité pour co-agir : lire, débattre et tester de nouvelles pratiques pour adapter nos modes de vie aux transitions en cours.
Ensemble, contribuons à rendre nos territoires plus résilients, plus solidaires et plus inclusifs : QUAND LES CITOYENS AVANCENT, C’EST TOUTE LA SOCIÉTÉ QUI AVANCE .
En espérant que cette période de confinement nous donne l’opportunité de réfléchir à un changement profond,
Paradoxalement, il pourrait
s’agir de l’une des leçons à retenir de la crise que nous vivons. Si
l’entre-soi et le repli sont habituellement considérés comme des dangers pour
la démocratie et la vie en collectivité, l’isolement temporaire et le
confinement apparaissent aujourd’hui comme une barrière de sécurité pour le
collectif. Reste
à inventer une façon de rester soudés en étant physiquement éloignés …
A court terme, la création de
« communautés forcées » entre habitants d’un même immeuble ou, en
province, avec des Parisiens exilés favorise les différentes formes de
solidarités : qu’il s’agisse d’aides de première nécessité (tableau dans les
immeubles ou maraude dans les quartiers pour proposer de l’aide : aller faire
les courses, chercher les médicaments ou toute autre forme d’assistance) ou de
se mettre du baume au cœur (concerts de balcons, fleurs ou dessins aux
fenêtres). Mais il y a bien d’autres signaux positifs : liens nouveaux
avec les voisins immédiats ou avec les habitants du quartier croisés lors des
footings réguliers, fréquentation accrue des petits commerces de proximité pour
éviter les grandes surfaces bondées, …. On assiste, avec cette crise
sanitaire mondiale, à un phénomène de relocalisation des pratiques et des
réponses à apporter, facilitées par le numérique et la technologie (apéros
virtuels, blagues sur les groupes WhatsApp, appels à des copains en plein cœur
de l’après-midi, etc.…) ; ainsi qu’ une territorialisation des problématiques avec une conscience plus accrue
des limites et ressources de son territoire. Si les consignes sanitaires
sont descendantes et globalisées, elles sont appropriées localement et chacun
et chacune y trouve des moyens de survivre malgré tout : voilà bien un signe de santé sociale !
Et que dire de l’effet – positif
également, sur un autre registre – de la crise sanitaire sur les émissions de
carbone. A croire que la planète n’a rien trouvé de mieux pour nous mettre en
garde contre le dérèglement que nos agissements lui imposent (et dont nous
aurons à supporter les conséquences). Coïncidence regrettable : cette
crise survient juste avant la remise, début avril, des propositions des
citoyens tirés au sort pour la Convention Citoyenne pour le Climat…… !
Si la planète respire un peu mieux ce mois-ci, il ne faut pas que cette crise
serve d’excuse pour balayer les mesures de protection du climat et de la
biodiversité comme
le craignent les associations de protection de l’environnement.
Tout cela ne doit pas nous faire
oublier tous les « sans » (abris, droits, travail) qui ne seront pas
indemnisés, n’auront pas de soupe populaire ce soir, ne verront pas leur
demande d’asile examinée de sitôt, les femmes victimes de violences qui restent
coincées avec leur bourreau. Pas oublier non plus que les médecins et tous les
soignants, dont la situation était déjà grave, particulièrement en milieu
hospitalier, sont entrés en mode « sauve qui peut » au détriment de
leur propre survie : à nous de respecter leur vie en n’aggravant pas la
situation. Les concerts d’applaudissement tous les soirs sont un premier pas
vers la reconnaissance qui leur est due. Mais ces moments devraient être dédiés
à tous ceux et toutes celles qui risquent leur vie au sens large pour sauver la
nôtre : caissières, livreurs, routiers, logisticiens, … Quand on y regarde
de plus près, on constate que ce sont souvent des emplois peu qualifiés et peu
considérés, donc sous-payés en comparaison des services qu’ils rendent chaque
jour mais qui deviennent plus visibles en ces temps de crise. Pendant ce temps,
celles et ceux qui peuvent télétravailler (les cadres le plus souvent)
continuent leur activité et passent plus de temps avec leurs enfants, en ayant
l’assurance que les mécanismes d’indemnisation ou leur statut leur garantiront
de ne pas trop souffrir des conséquences de cette crise.
Plus inquiétant et qui doit nous
interroger : la parole des experts – « sanctifiée » par les
politiques qui en font la source de légitimité de mesures qui apparaissent
comme autoritaires – est de plus en plus mise en doute par les complotistes qui
s’improvisent infectiologues. Cela montre qu’il faut d’urgence repenser l’étude
des sciences dans le système éducatif, mais aussi imaginer les moyens de rendre
les controverses que suscitent les sciences, ouvertement discutables par
l’ensemble de la population : élus et collègues experts certes, mais
également – et plus largement – toutes celles et tous ceux qui, éloignés de ces
champs d’expertise, ont besoin de les comprendre et de faire valoir leur point
de vue ou leur ressenti, car ils en seront affectés dans leur mode ou leurs
conditions de vie. Il en va de même pour les médias, qui sont décrédibilisés
comme on l’avait déjà vu lors des attentats de 2015. Des initiatives comme
« Interclasse » ont permis à de jeunes élèves de fréquenter des
journalistes de France Inter et de participer à la fabrication de
l’information. Pourquoi ne pas imaginer le même système avec des
chercheurs d’autres disciplines, y associer des « usagers experts »
(au sens retenu dans le domaine médical par la loi du 2/01/2002) et provoquer
un échange avec des citoyens lambda? C’est-à-dire, comme le préconise
Crois/Sens depuis longtemps, organiser des controverses territoriales sur des
thématiques qui, bien que scientifiques, font participer et se rencontrer
l’ensemble des acteurs concernés ?
En bref, la crise sanitaire nous
conduit à revenir à l’essentiel : être en famille, avoir de quoi se
nourrir (et du papier-toilette !), un carré de jardin ou se rapprocher
d’un bout de nature, pouvoir s’informer en transparence et débattre de la situation,
se divertir avec ce qu’on a à disposition. A l’issue de cette crise, le risque
que les « grands » se replient sur eux-mêmes et relancent un
capitalisme forcené pour rattraper les points de PIB manquants est fort. Les
récupérations populistes existent déjà et ne trouveront pas de limites avant la
fin de l’épidémie. Face à cela, une troisième voie est possible et Crois/Sens
devrait y trouver sa place : contribuer à identifier des valeurs communes
autour desquelles construire des modes d’action collectifs, proposer des formes
d’organisation qui permettent à chacun et chacune de trouver sa place en
fonction de ses envies et de ses compétences, donner du pouvoir à l’ensemble
des Français afin de retrouver des capacités
individuelles et collectives. Le retour à une échelle territoriale sera
nécessaire pour reconstruire des chaînes de valeur robustes et indépendants.
Nos diverses expérimentations montrent en effet que c’est le rapport au territoire
qui est l’un des déterminants d’un engagement citoyen actif, et il va falloir
en faire le socle d’une « relance » juste et durable.
Cette crise agit comme une piqure
de rappel : en nous en privant,
elle nous remémore ce que les relations sociales, le présentiel, le contact
physique et le sentiment d’appartenir à un collectif apportent au lien social,
à la santé globale mais aussi au système économique, ce dont ses acteurs n’avaient jusque-là pas forcément
conscience. En
ce sens, les réponses numériques et le soutien financier apportés par l’Etat sont
essentiels à court terme, mais le retour à une économie réelle basée sur des contacts
humains physiques est une nécessité et nous n’en sortirons que plus convaincus
de ce confinement !
Depuis la publication en juin de notre
version 1 du guide Smart Citizens, nous avons lancé un Wiki Labo du bien-vivre pour mettre le meilleur de la recherche au
service du bien-vivre dans les territoires et faire une encyclopédie du
bien-vivre collaborative ! C’est un complément de la plate-forme
« Bien-Vivre Maintenant » qui vise à
valoriser des projets innovants sur les territoires.
Nous avons aussi eu différents retours de la part de lecteurs et lectrices de la première version du guide, qui nous ont aidé à préciser, compléter, reformuler certaines parties du texte. D’où l’idée d’une version 2 du guide avec une mise à jour.
Rappelons, que depuis notre séminaire Smartcitizens auquel ont participé une grande diversité d’acteurs (administration, scientifique de plusieurs disciplines, start up, grandes entreprises…) et dont vous trouverez des résumés dans les références ci-dessous, nous avons réfléchi, travaillé, collaboré, interrogé… pour créer notre guide idéal pour changer la vie des territoires. Il s’agit d’un « position book », c’est-à-dire un livre où nous nous positionnons dans l’espace de solutions existantes. Nous l’avons appelé « Guide Smart Citizen pour un territoire d’innovation ».
Voici
un extrait de son sommaire pour vous mettre en appétit :
Introduction :
Face à des défis globaux qui semblent insurmontables, des initiatives locales
pour retrouver une capacité d’agir
I. Notre
mode d’action : apporter du « Bien Vivre » dans les territoires
II. Des
propositions concrètes pour construire ensemble un territoire plus innovant
1. Le
sens au cœur de l’action
2. L’expérimentation
des propositions pour se mobiliser collectivement
3. La
valorisation du pouvoir d’agir de l’ensemble des acteurs du territoire
4. Des
méthodes de co-innovation renouvelées
5. Des
financeurs mieux intégrés dans le système de co-innovation
Nous
attendons vos réactions pour pouvoir l’améliorer et écrire d’autres versions
car la société évolue en permanence, il faut donc évoluer avec elle !
Il
est aussi possible de rédiger de petits articles sur le bien-vivre pour les
mettre sur notre Wiki Labo du
bien-vivre. Il suffit de prendre contact avec nous en écrivant à info@crois-sens.org.
En
attendant une bonne nouvelle numérique qui ne va pas tarder !
Au plaisir
donc !
L’équipe Comed
de Crois/Sens.org
Plus
d’infos sur le premier cycle de conférence Smartcitizen :
LENOT Olivier,
DESFORGES Marc et GILLI Frédéric, « Interprétation de l’AMI
« Territoires d’Innovation de Grande Ambition » (TIGA) »,
séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 https://youtu.be/23PP2ICEcj4
DESFORGES Marc,
« Introduction du séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 », Chaine
YouTube Crois-sens, https://youtu.be/fE_zQRPNIEs
DESFORGES Marc,
« Conclusion du séminaire SmartCitizens du 15 juin 2017 », Chaine
YouTube Crois-sens, https://youtu.be/E5_-ac8_YP0
Le 37ème Congrès de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies – FNCCR a eu lieu à Nice du 1er au 3 octobre 2019 avec pour intitulé « Solidarité sociale et territoriale : quelles réponses des services publics ? » dont voici le programme.
Crois/Sens y était représenté puisque Julien Robillard et moi-même (Anne Barbarin) y animions un atelier mercredi 2 à 14h15 pendant 45 minutes et intitulé « Donner du sens aux données énergétiques ».
Julien Robillard
Dans cet atelier, il s’agissait donc d’échanger
sur le sens qui peut être apporté aux données énergétiques. Pour cela, nous
nous sommes appuyés sur des cas concrets issues d’interviews que nous avons menées
dans
le cadre d’une mission pour GRDF (voir dans références ci-dessous) et sur nos expériences professionnelles dans le secteur de l’énergie.
Selon notre analyse, les données peuvent être utiles pour créer des liens et renforcer la chaine de valeur territoriale. En effet, si le sens qu’apportent les données dans le cadre d’un usage est une perception individuelle, il apparait, en revanche, que les données peuvent avoir un pouvoir de transformation très puissant lorsqu’elles sont utilisées pour créer des liens entre parties prenantes d’un même enjeu ou d’une même ressource. L’analyse des usages des données énergétiques fait ressortir ce point de façon très nette.
Grâce à notre méthode (voir dans références ci-dessous), on peut donc faire émerger et accélérer la création de ce lien pour transformer les offres de services au bénéfice de toutes les parties prenantes. Dans la photo ci-dessous, j’explique justement comment cette méthode peut aider à transformer les activités des organisations par la mise en capacité des parties prenantes :
Julien Robillard et Anne Barbarin
Pour conclure, le mieux est de laisser s’exprimer les acteurs: quelques synthèses de verbatim ci-dessous
Oui les données facilitent la confiance et la création de lien !
Anne Barbarin, DG de Crois/Sens
PS :
Merci à la FNCCR de nous avoir permis de partager quelques éléments clés de
notre vision et nos retours d’expériences.
« Un très grand nombre de compétences qui sont assez rares aujourd’hui »
A l’occasion du lancement de la 2ème saison de la
formation « Entrepreneurs.euses du bien-vivre », nous avons souhaité
réaliser une vidéo de présentation de ce nouveau métier et de la formation pour
développer les compétences nécessaires.
Nous avons donc interrogé ceux qui ont mis en place cette
formation et ceux, ou plutôt celles qui ont suivi cette formation pour leur
demander ce qu’ils en pensent :
Episode 1 : « Pourquoi avoir voulu faire cette
formation ? » C’est Aurélie Legrand, Entrepreneuse du bien-vivre à
Mirecourt, qui a répondu à cette question.
Episode 2 : « Pourquoi avoir voulu créer une formation
EBV ? » C’est Marc Desforges, Président de Crois/sens,
Episode 3 : « En quoi consiste la formation EBV ? »
C’est Elodie Prouvost Dusart, Entrepreneuse du bien-vivre à Lille, qui a
répondu à cette question.
Episode 4 : « Comment avez-vous mis en œuvre la
formation EBV ? » C’est Jean-Yves Besombes, Associé de Crois/sens et
Président de PRAGMA-TIC, qui a répondu à cette question.
Episode 5 : « Que vous a apporté cette formation EBV ? »
C’est Virginie Desforges, Entrepreneuse du bien-vivre à Mirecourt, qui a
répondu à cette question.
Episode 6 : « Quelles sont les missions d’un.e EBV,
concrètement ? » C’est Sandrine Tobie, Entrepreneuse du bien-vivre à Lyon, qui a répondu à cette question.
Voici
donc une présentation
de la formation par Jean-Yves Besombes, Associé de Crois/sens et Président de
PRAGMA-TIC :
Ça fait 20 ans que j’interviens comme coach, formateur
et ingénieur pédagogique dans différent domaine comme le management et la
conduite du changement.
Nous avons voulu créer cette formation car ce nouveau
métier d’« entrepreneur du bien-vivre » mobilise un très grand nombre
de compétences qui sont assez rares
aujourd’hui.
Cela se traduit par différentes choses à faire pour
ces entrepreneurs :
du diagnostic
du territoire,
en passant par la mobilisation des acteurs,
jusqu’à l’accompagnement de projets émergents.
Et aujourd’hui, force est de constater qu’on ne dispose pas de formation qui intègre
ces compétences. Ça se traduit pour nous par :
un parcours de formation très ambitieux,
ouvert
à tous,
qui se déroule sur 6 mois,
avec 8
modules.
Dont l’ambition est de donner à ces entrepreneurs du
bien-vivre les moyens de décupler leur
efficacité sur leur territoire.
On peut voir l’une des actions réalisées par les Entrepreneuses
du bien-vivre dans plusieurs articles :
Philippe d’Iribarne : Construire des alliances inédites en prenant en compte la diversité des cultures
Au cours des
diverses expérimentations de mobilisation des parties-prenantes des territoires,
Crois/Sens s’est vu confronté à la problématique de valeurs, de cultures et d’organisations
différentes, qui sont autant d’enjeux pour la création d’alliances inédites. Comment
prendre en compte la diversité des cultures dans la création des alliances
inédites sur les territoires ? Nous vous proposons un détour par le travail de
Philipe d’Iribarne, directeur de recherche au CNRS, pour apporter des pistes de
réponses.
Les travaux de P.
d’Iribarne portent principalement sur l’enracinement social et culturel
(notamment les cultures nationales) de la vie des entreprises et du
fonctionnement des économies. Grâce à ses différents terrains d’études, il a
cherché à comprendre la pluralité des cultures, leur insertion dans la
mondialisation et leur rapport avec le management standardisé des grandes
firmes multinationales.
La théorie de Philippe d’Iribarne
Dans La logique de l’honneur (1989), Philipe d’Iribarne explicite les systèmes de représentation et les logiques propres à chaque société, intégrés par les femmes et les hommes. Cette étude permet ensuite d’adapter les pratiques de management aux particularités nationales. Il en résulte qu’il n’existe pas d’universel abstrait en management. Trois exemples sont donnés, et pour chaque culture nationale en découle un mode de gestion différent des entreprises :
La France est vue comme la patrie de l’honneur, des
rangs, de l’opposition entre le noble et le vil, héritage du Moyen-Âge. Les
notions d’ordres, de corps ou d’états fixent l’étendue des devoirs et des privilèges
des individus. Ces derniers auront à cœur de remplir les responsabilités inhérentes
à leur état, par « fierté de rang ». On parle plus récemment de
« management implicite » français.
Les États-Unis, y compris hors des relations de
marché, sont marqués par un principe d’égalité et le règne du contrat. La vie
interne des entreprises présente donc des rapports inspirés par le modèle du
contrat passé entre un fournisseur qui se doit d’être honnête et un client qui
peut se permettre d’être exigeant. Ainsi, en entreprise, le « deal » est
permanent avec la hiérarchie.
Au Pays-Bas, l’ajustement entre pairs ou entre supérieur et
subordonné passe par le dialogue, l’argumentation et les données factuelles
sont examinées avec attention et objectivité. Le pragmatisme sert
la culture du dialogue (expliquer, écouter, discuter) qui permet
souvent d’aboutir à un consensus en vue d’une coopération
efficace. Chacun cherche un accord qu’il convient de respecter par la suite.
Dans l’ouvrage Cultures et Mondialisation, Gérer par-delà
les frontières (1998), P. d’Iribarne avance que, si la mondialisation de
l’économie est en marche, la diversité culturelle demeure. Ainsi, dans les
entreprises multinationales, malgré la pression unificatrice des modèles
réputés universels de management, les manières de s’organiser selon le pays
d’observation restent très diverses. Les entreprises doivent développer de
nouvelles compétences pour organiser les rencontres des cultures en leur
sens.
Lecture critique
Le travail de Philippe d’Iribarne permet ainsi d’aboutir à des conclusions pratiques sur la manière de penser l’interculturel, en mettant la priorité sur la façon dont les hommes travaillent et coopèrent. Selon lui, le contexte culturel est une réalité que les entreprises doivent prendre en considération, sans le subir. En effet, reconnaître l’importance de la tradition permet de mieux formuler les initiatives visant à réformer et à moderniser.
Comment lire P. d’Iribarne
en 2019 ? Plusieurs critiques de son travail ont été réalisées. En 2005,
dans l’article La culture « nationale » n’est pas tout le social, Erhard
Friedberg estime la dimension culturelle des organisations ne renvoie pas
seulement au contexte national. On peut reconnaître l’encastrement culturel
d’une organisation, ou de tout ordre local, et des conduites de ses
ressortissants, sans vouloir y lire les illustrations d’une culture ou, pour
citer P. d’Iribarne, d’un « contexte de sens » national, au risque de
tomber dans un réductionnisme culturaliste. Erhard Friedberg conclue sur le
fait que les organisations ne sont pas seulement encastrées dans une culture,
elles sont elles-mêmes une culture, et productrice d’une culture.
Nous pouvons
retenir ici que la création
d’alliances inédites sur un même territoire implique de développer des
compétences spécifiques afin de pouvoir co-développer des projets avec des
organisations aux cultures différentes, issues de mécanismes sociologiques
complexes.
Références sur Philippe d’Iribarne :
Iribarne
(Philippe d’), – La logique de l’honneur. Paris, Le Seuil, 1989.
Iribarne
(Philippe d’), (dir.). – Cultures et mondialisation. Gérer par-delà les
frontières. Paris, Le Seuil, 1998.
Friedberg (Erhard), « La culture
« nationale » n’est pas tout le social. Réponse à Philippe
d’Iribarne », Revue française de sociologie, 2005/1 (Vol. 46), p.
177-193.
David Courpasson, Compte-rendu « Iribarne Philippe d’ (dir.), « Cultures et mondialisation. Gérer par-delà les frontières », Revue française de sociologie, année 2000, 41-3, pp. 562-564, https://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_2000_num_41_3_5299
Références à d’autres articles de Crois/Sens sur des chercheurs.euses :